GUERRE CHINE-JAPON 1937-1945

GUERRE CHINE-JAPON 1937-1945

ARMÉE CHINOISE 1920-1945 1e partie

En 1911, Sun Yat Sen, à la tête du Kuomintang (KMT) ou Guomingdang (GMD), parvient à soulever la Chine du Sud et à rallier une partie de l'armée, des élites progressistes bourgeoises et des provinces. La première république République de Nankin est proclamée en 1912, l'empereur abdique et Sun Yat Sen est élu président. C'est la fin de la dynastie Qing. Mais ce n'est pas pour autant le signe de la restauration de la paix civile et politique interne.

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Sun est contraint de partager le pouvoir avec le président Yuan Shikai qui vise à restaurer l'empire à son profit tandis que le nord du pays tombe sous la coupe des seigneurs de guerre, potentats locaux, souvent anciens dignitaires militaires ou politiques provinciaux de l'époque impériale (gouvernement de Beiyang). C'est à cette époque aussi que les communistes de Mao Zedong, sortant de la clandestinité, deviennent de plus en plus actifs. L'empereur auto-proclamé/Président de la République Yuan Shikai meurt le 6 juin 1916. Li Yuanhong, vice-président de la République de Chine, devient chef de l'État, selon les dernières volontés (non constitutionnelles) de Yuan Shikai.

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Il restaure la constitution provisoire de 1912, ainsi que le parlement. Le 1er août 1916, le Kuomintang retrouve une majorité à la chambre et la République est définitivement rétablie sous l'autorité de Sun Yat Sen mais l'autorité centrale chinoise est néanmoins fortement affaiblie et l'armée elle-même est divisée. Sun et ensuite son successeur Tchang Kaï-chek entreprennent de restaurer l'unité militaire du pays en fondant l'Armée révolutionnaire nationale et en entrant, avec l'aide des communistes, en campagne contre les seigneurs de guerre. Mais en 1927, à l'issue de la campagne du Nord, communistes et républicains nationalistes entrent à leur tour en conflit et une nouvelle situation de guerre civile s'installe à nouveau.

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Aisin-Gioro Puyi 1906- 1967

Profitant du chaos, le Japon, toujours soucieux d'étendre ses intérêts coloniaux en Chine, devient dès le début des années 1930 un nouvel acteur prépondérant de l'imbroglio politico-militaire chinois. Utilisant la Corée qu'ils occupent depuis 1895 comme base arrière, les Japonais prennent le contrôle de la Mandchourie chinoise : l'État client manchou du Mandchoukuo est créé et Pu Yi y est restauré empereur tout en restant sous le parfait contrôle du pouvoir japonais.

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Drapeau de la République (au centre) encadré par ceux de l'armée (gauche) et du KMT (droite)

La République et les seigneurs de la guerre

Les unités européanisées le plus souvent à l'initiative de leurs commandants de la défunte armée impériale constituèrent le noyau de l'armée de la toute jeune république chinoise, certains de ses dignitaires, comme Yuan Shikai (1859-1916), jouant aussi d'ailleurs un rôle politique prépondérant dans celle-ci comme évoqué plus haut. C'est l'époque où l'influence allemande se fait encore fortement sentir, le modèle prussien ayant fait largement école dans le monde à la fin du XXe siècle après la victoire de 1871 et du fait également de l'importante présence économique allemande en Chine.

Avec l'instauration de la République, l'armée chinoise va définitivement s'équiper à l'européenne et son uniforme va passer du bleu foncé au gris vert en 1918. Après 1918, c'est encore l'Allemagne qui prend en charge l'entraînement et l'équipement de l'Armée chinoise pour quelques années. Privée d'armée par le traité de Versailles, condamnée au versement d'exorbitantes indemnités de guerre et disposant d'énormes quantités de matériel datant de la Première Guerre Mondiale et de son complexe militaro-industriel toujours intact, l'Allemagne se lance en effet à cette époque dans un vaste programme d'assistance militaire international aux nations émergentes, Asie, Amérique latine, États baltes pour pouvoir permettre l'entrée de devises étrangères, tenter de soutenir un peu son économie plus que vacillante et financer les dommages de guerre. L'avènement des puissances fascistes en Europe (Italie (1922) puis Allemagne (1933)) et la création consécutive du pacte anti-komintern amèneront l'Italie et le IIIe Reich à devenir à leur tour fournisseurs et conseillers militaires de l'armée républicaine qui avait aussi bénéficié au début des années 1920 du soutien de l'URSS ! La France et dans une moindre mesure les États-Unis, qui avaient eux aussi d'importants intérêts en Chine à l'époque, contribuèrent également à l'armement des forces armées républicaines (notamment des forces aériennes). Tant et si bien que l'arsenal de l'armée chinoise ressemble à l'époque à un véritable catalogue de l'armement occidental, blindés russes côtoyant canons et fusils allemands, mitrailleuses Browning américaines, chenillettes italiennes ou françaises, casques Adrian et Stahlhelm M1935, et même fusils mitrailleurs Zb26 tchécoslovaques !

Toujours à court d'équipement, certains soldats seront encore pourtant armés de cimeterres traditionnels, de piques voire de simples lances en bambous. Très souvent sponsorisés par de grandes compagnies étrangères ayant d'importants intérêts en Chine (chemins de fer, mines, etc.) et eux aussi clients des fournisseurs allemands, les seigneurs de guerre bénéficient comparativement d'un bien meilleur équipement que l'armée républicaine (trains blindés, artillerie et même parfois aviation) au début des années 1920 même si dans ces armées privées, la piétaille est encore aussi bien souvent équipée d'armes blanches traditionnelles. Certaines de ses armées bénéficiaient aussi de l'expérience d'anciens Russes blancs recrutés à la fin de la guerre civile russe.

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Carte des zones d'influence des seigneurs de guerre chinois en 1925.

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Combattants chinois sur la Grande Muraille appartenant probablement à une armée privée. Ils sont armés du cimeterre Dao traditionnel.

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Le fusil Hanyang Mod. 88 est une copie chinoise du Gewehr M88 Mauser allemand

L'Armée nationale révolutionnaire

Quand éclate le soulèvement de Wuchang qui aboutira à l'instauration de la République, l'armée rebelle compte quelque 800.000 hommes, étudiants, cadets des académies militaires et troupes modernisées impériales mutinées. Ceux-ci portent toujours leurs uniformes kaki, débarrassés de ses insignes impériaux qui seront remplacés sur le bandeau du képi par l'étoile républicaine en métal émaillé. Les étudiants portent leurs uniformes scolaires, mêlés d'équipement militaire en coton filé (cartouchières, etc) équipement typique de l'armée rebelle. Une bande blanche autour du bandeau du képi les distingue des forces impériales. 1922 voit l'apparition d'un nouvel uniforme en coton pour l'ANR - désigné dans la presse comme le nouvel uniforme des guerriers de Sun Yat-sen : casquette plate kaki à bandeau noir, veste kaki avec collet droit timbré de patchs rouges, épaulettes rouges, short kaki et bandes molletières en laine noire. Le début de la campagne du Nord contre les seigneurs de guerre marquera l'introduction d'une nouvelle version brun clair avec pantalon et bandes molletières, équipement en toile, armement indigène (fusils Hanyang et sabre Dao) ou allemand (reliquat impérial ou nouveaux arrivages).

Armement individuel essentiellement d'origine allemande ou indigène. Le pistolet Mauser C96 fut une arme très appréciée des cadres de l'ANR. Les vieux Mannlichers autrichiens hérités de l'armée impériale restent encore en service en ces années 1920.

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Pistolet automatique Mauser C96

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Pistolet mitrailleur allemand MP18/28

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Fusil Kampfer, arme personnelle de Tchan Kai-cheik

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Des soldats sont coiffés du casque français Adrian Mod. 1916 (bombe légèrement plus volumineuse que sur le Mod. 1936 de la Deuxième Guerre Mondiale).

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Servants chinois d’un fusil-mitrailleur de fabrication chinoise

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Armée du Kuomintang

Après la rupture avec les communistes, la branche nationaliste de l'ANR reçoit le soutien de l'Italie fasciste puis du IIIème Reich. La Tchécoslovaquie devient également un nouveau fournisseur en particulier après l'annexion par l'Allemagne et aussi, dans une moindre mesure à ce moment, les États-Unis.

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Unité du KMT à l'entraînement : l'équipement est essentiellement allemand. La presque totalité de l'équipement moderne sera perdu pendant la bataille de Nanking et dans les semaines qui suivront.

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Combat dans les environs de Shanghai. Le soldat au centre est armé d'un FM tchèque, qui deviendra l'arme d'appui de section par excellence. Les Japonais n'hésiteront pas à retourner cet excellent fusil-mitrailleur ancêtre du Bren Gun britannique contre ses précédents utilisateurs chaque fois qu'ils en saisiront.

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Le FM ZB26 tchèque et le Stahlhelm M35 donne à ce soldat du KMT une apparence très proche de celle de son contemporain allemand.

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Servants chinois d'une pièce anti-char allemande PAK 37 


24/07/2014
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DÉBUT D'UNE NOUVELLE ÈRE 2e partie

Armée communiste

La future Armée populaire de libération, fut fondée par le Parti communiste chinois le 1er août 1927 sous le nom d'Armée rouge des ouvriers et des paysans chinois abrégé en Armée rouge chinoise après la rupture avec le Kuomintang et la mutinerie de la garnison communiste à Nanchang. Fort de sa popularité après le succès de ses campagnes contre les seigneurs de guerre, Tchang Kaï-chek, le tout puissant chef du Kuomintang, entend bien devenir le seul maître de la Chine et ne plus tolérer aucune opposition interne. Les leaders modérés sont écartés voire exécutés selon ses souhaits, et il entend continuer à tenir la Chine sous une poigne de fer nécessitée par la situation interne encore instable. Le mécontentement augmente, les communistes s'attirant les sympathies populaires Dès 1926, à l'issue de la campagne du nord, Tchang Kaï-chek s'en prend donc violemment à eux dès lors qu'ils forment l'opposition la mieux organisée politiquement et ceux-ci à leur tour se radicalisent et rompent de facto avec le Kuomintang. Lorsque les communistes, sous commandement de Mao Zedong, menacé d'être exterminés, partent dans leur Longue marche, ils gagnent davantage encore la sympathie des Chinois comme de nombreux militaires certains petits seigneurs de guerre locaux se ralliant même à leur cause, venant ainsi grossir les rangs de l'armée rouge. Mao va imposer un changement de stratégie politico-militaire qui privilégiera l'implantation et la guérilla dans les zones rurales du Nord et du centre du pays, soldats et paysans faisant cause commune et partageant les ressources disponibles. La Longue Marche va devenir la geste héroïque de l'APL à des fins propagandistes. La tactique de guérilla maoïste renoue avec la tradition séculaire des révoltes et maquis paysans de la Chine notamment de celle des Taiping évoqués plus haut.

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Soldats chinois s'entraînant avec une mitrailleuse avec un instructeur américain.

Armée du Mandchoukouo

Cliente du Japon, l'armée du Mandchoukouo est elle entièrement encadrée, habillée et équipée à la japonaise, bien qu'un reliquat de l'armement moderne de l'ancienne armée impériale chinoise (fusils Mannlicher, canons Krupp) ait aussi été réemployé. Des russes blancs anti-communistes servirent également dans ses rangs : en 1945 on en comptait encore pas moins de 4 000. Après l'occupation de l'Est et du Sud-Est de la Chine, le Japon mit là aussi en place des gouvernements locaux collaborationnistes (gouvernement provisoire de Pékin, gouvernement réformé de Nanking) disposant eux aussi de forces armées équipées à la japonaise pour la lutte contre les partisans nationalistes et communistes. Aux hasards des combats, une partie de l'équipement japonais tomba aux mains des nationalistes et surtout des communistes qui le retournèrent contre leur adversaire nippon, équipement/armement qui resteront par ailleurs en service dans les deux camps jusqu'à la fin de la guerre civile. L'armée du Manchukuo fut créée dès 1932, peu après l'invasion japonaise de la Mandchourie. Ses effectifs d'origine provenaient principalement des armées d'anciens seigneurs de guerre ralliés de gré ou de force à l'occupant japonais. Dans les années 1930, ses effectifs s'élevaient à quelque 30 000 hommes pour atteindre 200 000 pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Sa tâche principale fut la lutte contre les bandes armées de bandits et de partisans nationalistes et communistes, souvent sous contrôle opérationnel et encadrement japonais ces unités, peu fiables et peu motivées, passant parfois en bloc à l'adversaire. Au départ, ces troupes portaient encore l'uniforme gris-vert de l'ARN ou des armées des seigneurs de la guerre à partir desquelles elle fut constituée, se distinguant de leurs adversaires par le port d'un brassard jaune et d'une étoile à cinq branches reprenant les couleurs du drapeau de la république sur les coiffures. En 1939, elle adopta un nouvel uniforme kaki similaire à celui de l'armée japonaise avec un système de grades particuliers au col des vestes. Quelques casques japonais furent distribués mais la coiffure sera en général le képi ou la casquette de toile de coton. La plupart des armes héritées de l'époque de la guerre civile furent remplacées par des armes japonaises : fusils Arisaka 98, Fusils-mitrailleurs et mitrailleuses lourdes. L'armée du Manchukuo disposait également d'une petite force aérienne équipée d'avions japonais et de Messerschmitt Bf 108 Taifun et d'unités blindées équipées de chars Renault FT-17 et de tankettes japonaises, leurs équipages étant en général formés de soldats japonais prêtés au Manchukuo. L'armée du Manchukuo fut incapable de s'opposer à l'invasion soviétique de 1945 qui mit un terme à l'existence de l'empire de Pu Yi, le dernier empereur de l'histoire de Chine. Une petite garde impériale forte de quelque 200 hommes fut constituée en son sein, principalement pour des missions de garde rapprochée de l'Empereur Pu Yi et à des fins de démonstration protocolaire ou de propagande.

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Entre 1937 et 1945, l’uniforme chinois connait un certain nombre de changements. Les forces nationalistes et communistes ont pareillement à souffrir d’une grave pénurie d’habillement et d’équipement, et doivent alors se débrouiller avec des effets de confection locale. L’uniformité ne sera jamais très marquée les tenues pouvant varier assez considérablement d’une armée à l’autre selon la région, voire d’une année sur l’autre. Cependant, les années 1936-37 vont marquer un tournant décisif dans l'histoire politico-militaire de la Chine contemporaine. Incapables finalement de prendre définitivement l'un ou l'autre l'avantage et conscients de la menace que fait peser sur la Chine la politique étrangère agressive du Japon, Tchang Kai-chek et Mao Tsé Toung mettent provisoirement un terme à la guerre civile pour s'unir contre les Japonais. C'est aussi à cette époque que l'armée du KMT a reçu de l'Allemagne et de l'Italie d'importants stocks d'armement ultra modernes, y compris blindés (Panzerkampfwagen I, Sdkfz 221/222) et artillerie (Flak 88, Pak 37). La coopération sino- durant les années 1920 et 1930 se rapporte à la collaboration entre la République de Chine et l'Allemagne. Cette coopération avait comme objectif de moderniser l'industrie et les forces armées chinoises, précédent ainsi de peu la guerre sino-japonaise (1937-1945).

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Casque et matériel provenant de l’Allemagne

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Le Vickers 6-Ton ou Vickers Mark E était un char de combat léger britannique

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L'Obusier de campagne standart de l'armée allemande fourni à la Chine

Le PaK 36 (Panzerabwehrkanone 36) était un canon antichar allemand

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Soldats communistes chinois

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Insigne de casque de l'armée communiste chinoise

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Une intéressante photo de l'armée chinoise en 1937

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Fantassin communiste chinois

L’aide militaire américaine à la Chine

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L'aide militaire américaine commença à arriver en Chine en vertu du Lend-Lease Act dès avril 1940. En janvier 1942, Chang Kai-shek fut nommé Commandant Suprême Allié en Chine. Cette adhésion à l’Alliance le priva du soutien politique et militaire allemand qui passa dès lors à Wang Jingwei.
En mars, le Lt-Gén. Américain Stillwell devient l'attaché militaire auprès de Chang, juste à temps pour superviser la retraite chinoise de Birmanie où Chang s'était imprudemment engagé pour aider les Britanniques.
En juillet, il est nommé commandant du théâtre d'opérations Chine-Birmanie-Inde.
Pendant toute l'année suivante, il consacrera ses efforts, avec l'aide des Britanniques, à ré-équiper, ré-armer et ré-organiser les armées chinoises qui recevront alors d'énormes quantités de nouvelles armes américaines et britanniques, y compris blindés et artillerie dont elles manquaient cruellement depuis 1937. De nombreux combattants sont amenés par voie aérienne des zones chinoises encore sous contrôle du KMT vers l'Inde en vue de leur rafraîchissement. Ces troupes sont ensuite engagées en Birmanie aux côtés des Britanniques (Chindits et 14e
Armée) et des Américains (Merrill's Marauders) au sein d'unités mixtes, les Y-Force et X-Force pendant les âpres combats et campagnes de 1944 puis, à partir d'octobre, en Chine même.
En novembre 1944, le Chinese Training and Combat Command Commandement chinois pour l'entraînement et le combat le Command étant une structure administrative et militaire opérationnelle typiquement américaine est créé après la scission du commandement général pour le théâtre d'opérations Chine-Birmanie-Inde. 

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Ce CTCC reprend à son compte les tâches de l'Y-Force et de la Z-Force constituées des personnels US chargés des opérations et responsables de la formation et de l'approvisionnement des unités chinoises.
Ce commandement reprit donc les programmes de formation au Yunnan et du Training Center de Kweilin tout en apportant son soutien technique et logistique à la force expéditionnaire chinoise dans son offensive en Chine centrale et méridionale contre les Japonais.
En janvier 1945, Il est ré-organisé en deux commandements administratifs subordonnés distincts, les Chinese Training Command (Provisional) et Chinese Combat Command (Provisional). Ce dernier se voit subordonner six groupes de liaison avec les groupes d'armées chinois et une équipe de liaison avec chaque Armée et division. Ces organisations n'exerceront toutefois aucun contrôle tactique ou opérationnel sur les états-majors chinois.

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24/07/2014
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BATAILLE DE NANKIN 1937


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Soldats japonais pénétrant dans Nankin

Date 3 décembre au 13 décembre 1937 (frappes aériennes

       à partir du 21 septembre)

Lieu Nankin et alentours, en Chine

Issue victoire japonaise, massacre de Nankin

                              Belligérants

République de Chine       Empire du Japon

              Forces en présence

70 000-80 000 hommes         240 000 hommes

                         Pertes

env 50 000 soldats                         environ 6000 hommes

Entre 80 000 (estimation basse)

et 300 000 civils (estimation haute)

 tués lors du massacre de Nankin

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La Bataille de Nankin opposa en 1937 l'Armée impériale japonaise à l'Armée nationale révolutionnaire chinoise, durant la guerre sino-japonaise, et vit une victoire écrasante des troupes japonaises. Elle eut pour conséquence immédiate le massacre de Nankin.

La bataille de Shanghai, plus difficile que prévu, incita tout d'abord les Japonais à retarder l'assaut sur Nankin, alors capitale de la Chine. Le 21 septembre, le Service aérien de l'armée impériale japonaise commença ses frappes sur Nankin. La chute de Shanghai, à la fin novembre, fit comprendre à Tchang Kaï-Chek que la capitale serait la prochaine ville à tomber. Les Japonais, souhaitant abréger le conflit après les durs combats de Shanghaï, commencèrent leur marche sur Nankin pour en finir avec le gouvernement chinois. Tchang Kaï-Chek ordonna le départ du gouvernement pour Wuhan. Le 27 novembre, les autorités chinoises conseillèrent aux étrangers de quitter la ville; les civils chinois commencèrent également à fuir. Malgré la difficulté de la tâche, il fut décidé de défendre tout de même Nankin contre les Japonais; Tang Shengzhi accepta de prendre la direction des opérations. Les troupes chinoises demeurées sur place, mal préparées, pratiquèrent une politique de la terre brûlée, consistant à bloquer les routes, ce qui empêcha un certain nombre de civils de prendre la fuite. L'armée chinoise étant en pleine déroute, un certain nombre de défenseurs choisirent également la désertion.

À partir du 3 décembre, le combat au sol commença entre les troupes japonaises et chinoises dans les environs de Nankin. Les Japonais assiégèrent la ville elle-même à compter du 6. Le 10, les Chinois n'ayant pas répondu à leur ultimatum, le commandant japonais Iwane Matsui ordonna de prendre la ville par la force. Le 12, les troupes chinoises reçurent l'ordre de se replier, mais leur retraite tourna à la panique. Le 13 décembre, la ville tomba aux mains des Japonais. Le massacre de Nankin, qui s'ensuivit, occupe une place importante parmi les crimes de guerre japonais.

Nankin devint ensuite le siège d'un gouvernement collaborateur, le Gouvernement réformé de la République de Chine, et fut à partir de 1940 le siège du Gouvernement national réorganisé de la République de Chine mis en place par les Japonais.

Massacre de Nankin

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Victimes du massacre sur les rives de la rivière Yangzi Jiang avec un soldat japonais debout à côté.

Le massacre de Nankin, également appelé Sac de Nankin ou Viol de Nankin, est un évènement de la seconde guerre sino-japonaise qui a eu lieu à partir de décembre 1937, après la bataille de Nankin. Pendant les six semaines que dure le Massacre de Nankin, des centaines de milliers de civils et de soldats désarmés sont assassinés et entre 20 000 et 80 000 femmes et enfants sont violés par les soldats de l'armée impériale japonaise.

Le massacre reste un sujet de controverse politique, puisque certains aspects sont contestés par certains historiens révisionnistes et nationalistes japonais, qui affirment que le massacre a été exagéré voire totalement fabriqué à des fins de propagande. Résultat des efforts des nationalistes à nier et expliquer les crimes de guerre, la controverse sur le massacre de Nankin reste un point de blocage dans les relations sino-japonaises, tout comme les relations entre le Japon et d'autres pays asiatiques tels que la Corée du Sud et les Philippines.

Une estimation précise du nombre de victimes du massacre n'est pas possible car la plupart des rapports militaires japonais sur les tueries ont été détruits délibérément, ou mis au secret, peu après la reddition du Japon en 1945. Le tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient estime à plus de 200 000 le nombre de victimes des événements. Les chiffres officiels chinois font état de 300 000, se basant sur l'évaluation du tribunal des crimes de guerre de Nankin. Les estimations des historiens japonais varient largement, entre 40 000 et 200 000 victimes. Certains historiens révisionnistes nient même systématiquement l'existence d'un massacre étendu et généralisé, déclarant que tous les décès sont soit justifiés d'un point de vue militaire, soit accidentels, soit des atrocités isolées non autorisées. Ces négationnistes affirment que la caractérisation des événements en massacre à grande échelle et systématique est fabriquée dans le but de servir la propagande politique.

Bien que le gouvernement japonais admette les actes de meurtres d'un certain nombre de non-combattants, de viols et de violences commis par l'armée impériale japonaise après la chute de Nankin, certains fonctionnaires japonais soutiennent que le nombre de morts est de nature militaire et que de tels crimes n'ont jamais eu lieu. Le déni du massacre (et de décompte divergeant des victimes) est devenu la base du nationalisme japonais. Au Japon, l'opinion publique sur le massacre varie et quelques personnes nient l'existence pure et simple du massacre. Pourtant, les tentatives récurrentes des négationnistes pour promouvoir l'histoire révisionniste des événements créent une controverse qui s'invite de façon périodique dans les médias internationaux, notamment en Chine, en Corée du Sud et dans d'autres pays d'Asie orientale.

En septembre 1931, l'armée impériale japonaise envahit la Mandchourie, une province de République de Chine, à la suite d'un attentat perpétré contre une voie de chemin de fer appartenant à une société japonaise. Cet attentat, très vraisemblablement réalisé par les Japonais eux-mêmes pour justifier l'invasion, marque le début de la conquête de la Mandchourie par le Japon. En 1932, Hirohito approuve la nomination d'un gouvernement fantoche, avec à sa tête le dernier empereur de la dynastie Qing, Puyi, dans cette province chinoise, renommée Manzhouguo (ou Mandchoukouo).

En 1937, après l'incident du pont Marco Polo, Hirohito donne son accord à l'invasion du reste du territoire chinois, ce qui conduit à la seconde guerre sino-japonaise. En août 1937, l'armée japonaise envahit Shanghai où elle rencontre une forte résistance et subit de lourdes pertes. La bataille est sanglante pour les deux camps qui se livrent à un corps à corps en milieu urbain. À la mi-novembre, les Japonais prennent possession de Shanghai avec le support des bombardements de la marine. L'État-Major à Tokyo décide dans un premier temps de ne pas étendre la guerre à cause des pertes sévères et du faible moral des troupes. Toutefois, le 1er décembre, il ordonne à l'Armée du centre de la Chine et à la 10e Armée de capturer Nankin, alors capitale de la République de Chine.

Déplacement de la capitale

Après avoir perdu la bataille de Shanghai, Tchang Kaï-chek sait que la chute de Nankin, l'ancienne capitale de la République de Chine, est une question de temps. Avec ses conseillers, il se rend compte qu'il ne peut pas risquer l'anéantissement de ses troupes d'élite dans la défense symbolique mais sans espoir de la capitale. Afin de préserver son armée pour de futures batailles, la plupart des soldats se retirent. La stratégie de Tchang suit les recommandations de ses conseillers allemands qui lui préconisent d'attirer l'armée japonaise à l'intérieur de la Chine en utilisant son vaste territoire comme force défensive. Tchang planifie donc une guerre de positions en usant les Japonais dans l'arrière pays.

Laissant le général Tang Shengzhi  s'occuper de la ville pour la bataille de Nankin, Tchang et la plupart de ses conseillers s'enfuient vers Wuhan, où ils restent jusqu'à y être attaqué en 1938.

Stratégie de défense de Nankin

Devant les journalistes étrangers, Tang Shengzhi annonce que la ville n'abdiquera pas et combattra jusqu'à la mort. Tang rassemble environ 100 000 soldats, largement sous-entraînés, dont des troupes chinoises qui ont participé à la bataille de Shanghai. Afin d'empêcher les civils de fuir la ville, il ordonne à ses soldats de garder les portes de la cité, comme Tchang le lui a demandé. Les forces de défense bloquent les routes, détruisent les bateaux et brûlent les villages voisins, afin d'éviter une évacuation massive.

Le gouvernement est déplacé le 1er décembre et le président fuit le 7 décembre, laissant le sort de Nankin aux mains d'un comité international dirigé par John Rabe.

Le plan de défense s'effondre rapidement. Les défenseurs voient bientôt arriver des troupes chinoises battues lors de précédents engagements, dont la bataille de Shanghai, avec à leurs basques l'armée japonaise. Ceci ne remonte pas le moral des défenseurs, dont beaucoup seront tués lors de la défense de la ville ou l'occupation japonaise.

Crimes de guerre japonais sur la route de Nankin.

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Un des articles sur le  Concours de décapitation de 100 personnes  publié dans le Tokyo Nichi Nichi Shimbun. En titre, on peut lire : Incroyable record (dans le concours de décapitation de 100 personnes) Mukai 106, 105 Noda. Deux lieutenants font une manche supplémentaire. En effet, le score de 105 et de 106 ne permettant pas de les départager, le concours a été prolongé jusqu'à 150 décapitations.

Alors que le massacre de Nankin est généralement décrit comme s'étant déroulé sur plus de six semaines après la chute de Nankin, les crimes commis par l'armée japonaise ne se limitent pas à cette période. De nombreuses atrocités ont été rapportées lorsque l'armée japonaise marchait de Shanghai à Nankin.

Certains historiens émettent l'hypothèse que la violence des combats à Shanghai est en partie responsable de la mise en condition psychologique des soldats japonais pour qu'ils commettent plus tard les atrocités à Nankin. Une des explications les plus vraisemblables demeure toutefois la décision prise par Hirohito d'approuver une directive de son état-major suspendant les mesures de protection du droit international à l'égard des prisonniers chinois. L'influence de la propagande impériale qui décrivait les étrangers et surtout les autres populations asiatiques comme des êtres inférieurs faits pour être dominés, voire du bétail (kichiku), fut certainement aussi significative.

Le romancier Ishikawa Tatsuzo décrit vivement comment la 16e Division de la Force expéditionnaire de Shanghai commet des atrocités lors de la marche entre Shanghai et Nankin dans son roman Ikiteiru Heita (Soldats vivants), qui s'appuie sur des entretiens conduits par Tatsuzo avec les troupes de Nankin en janvier 1938.

Sans doute l'atrocité la plus connue est le concours de meurtres entre deux officiers japonais, rapporté dans le Tokyo Nichi Nichi Shimbun et le Japan Advertiser. Le concours est couvert comme un évènement sportif avec des mises à jour régulières du score pendant plusieurs jours. Après la guerre, le 28 janvier 1948, les deux officiers sont condamnés à être fusillés par le tribunal de Nankin. Ce fait divers est retombé dans l'oubli jusqu'à la parution en 1967 d'une étude de l'historien Tomio Hora et surtout d'une série d'articles de l'historien Katsuichi Honda sur le massacre de Nankin dans le Mainichi Shimbun en 1971. Au Japon, la véracité de l'article dans le journal est sujette à un débat féroce depuis 1967. Selon le vétéran Uno Shintaro, il est vraisemblable que les officiers aient tué en majorité des prisonniers avec leur sabre.

En 2000, un historien s'accorde avec plusieurs érudits japonais qui affirment que le concours était une histoire concoctée avec la complicité des soldats afin d'augmenter l’esprit combatif national. En 2005, un juge du district de Tokyo rejette une plainte des familles des lieutenants, déclarant que « les lieutenants ont admis le fait qu'ils aient concouru pour tuer 100 personnes » et qu'il ne peut pas être prouvé que l'histoire est totalement fausse. Le juge rejette également la plainte civile des plaignants puisque les faits reprochés datent de plus de 60 ans. L'historicité de l'évènement est toujours sujette à débat au Japon.

Fuite des civils chinois

Alors que l'armée japonaise s'approche de Nankin, les civils chinois paniqués fuient la ville non seulement en raison des dangers de la bataille à venir, mais aussi à cause des privations inhérentes à la stratégie de la terre brûlée mise en place par les troupes chinoises autour de la cité.

Le 31 juillet, le Kuomintang (KMT) publie un communiqué dans lequel il déclare qu'il réduira en cendres chaque ressortissant chinois et chaque morceau de terre plutôt que de les laisser aux mains de l'ennemi. La garnison de Nankin met donc le feu aux constructions et maisons dans les environs de Xiakuan au nord de la ville, mais aussi dans les campagnes à l'est et au sud des portes de la ville. Les cibles à l'intérieur et l'extérieur des murs de la ville, comme les casernes militaires, des maisons privées, le Ministère chinois de la communication, les forêts et même des villages entiers, sont réduites en cendres, pour une valeur estimée de 20 à 30 millions de dollars (1937).

Établissement de la zone de sécurité de Nankin

À cette époque un certain nombre d'Occidentaux vivent à Nankin. Ils y poursuivent des opérations commerciales ou missionnaires. À l'automne 1937 cependant, seuls 27 étrangers sont encore en ville. Parmi eux cinq journalistes qui ne quitteront les lieux que le 16 décembre. Ces étrangers forment un comité, appelé Comité international de la zone de sécurité de Nankin dans l'ouest de la ville. L'homme d'affaires allemand John Rabe est choisi comme chef du comité, en partie à cause de son appartenance au parti nazi et de l'existence du pacte anti-Komintern entre le Japon et l'Allemagne. Alors que l'armée japonaise approche de Nankin, le maire de Nankin, Ma Chao-chun, ordonne le 1er décembre 1937 à tous les citoyens chinois encore à Nankin de déménager dans la zone de sécurité. Un grand nombre fuit la ville le 7 décembre et le comité international devient de facto le gouvernement de Nankin. Dans un premier temps le gouvernement japonais donne son accord de ne pas attaquer les parties de la ville où il n'y a pas de forces militaires chinoises et les membres du comité parviennent à persuader le gouvernement chinois de sortir ses troupes de la zone.

Nomination du prince Asaka au poste de commandant

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Tête d'un homme chinois décapité par les Japonais, coincée dans une barricade près de Nankin juste avant la chute de la ville

Dans une note interne au Palais, Hirohito considère que l'attitude du prince Asaka Yasuhiko, membre de la famille impériale, laisse à désirer. Il lui enjoint pour faire amende honorable de rejoindre Nankin.

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Heisuke Yanagawa

Le 5 décembre, Asaka quitte Tokyo par avion et arrive sur le front trois jours plus tard. Il rencontre les commandants de division, les lieutenants-généraux Kesago Nakajima et Heisuke Yanagawa, qui l'informent que les troupes japonaises ont presque entièrement encerclé les 300 000 troupes chinoises à proximité de Nankin et que les premières négociations laissent à penser que les Chinois sont prêts à se rendre.

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Prince Yasuhiko Asaka en 1940

Le prince Asaka aurait alors donné l'ordre de tuer tous les prisonniers, comme représailles pour les crimes qui ont eu lieu avant et après la bataille. Certains auteurs notent que le prince Asaka a signé l'ordre donné aux soldats japonais à Nankin de tuer tous les prisonniers. D'autres prétendent que le lieutenant-colonel Isamu Chō, l'aide de camp du prince Asaka, aurait envoyé cet ordre sous seing du prince, sans que ce dernier ne soit au courant ou n'approuve. Toutefois, même si Chō a pris cette initiative de son propre chef, le prince Asaka, qui est l'officiel responsable, ne donne pas d'ordre pour arrêter le carnage. Quand le général Matsui arrive dans la cité quatre jours après le début du massacre, il donne des ordres stricts qui doivent mener à la fin du massacre.

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Isamu Chō

Alors que l'importance de la responsabilité du prince Asaka dans le massacre est sujette à débat, la sanction finale pour le massacre et les crimes perpétrés durant l'invasion de la Chine se fondent sur la ratification par l'Empereur Hirohito de la proposition de l'armée japonaise de ne pas respecter les lois internationales dans le traitement des prisonniers chinois, le 5 août 1937.

Siège de la ville

Le 7 décembre, l'armée japonaise diffuse un ordre à ses troupes, avertissant que la prise d'une capitale étrangère étant un évènement sans précédent dans l'histoire militaire japonaise, les soldats qui se livreraient à des actes illégaux déshonorant l'armée japonaise, pillards ou incendiaires, seraient sévèrement punis.

Les militaires japonais continuent à avancer, brisant les dernières lignes de résistance chinoise. Ils arrivent au pied des murs de Nankin le 9 décembre.

Demande de reddition

Le matin du 9 décembre, les militaires lâchent des prospectus sur la ville, réclament la reddition de Nankin dans les 24 heures, menaçant de son anéantissement en cas de refus:

L'armée japonaise, forte d'un million de soldats, a déjà conquis Changshu. Nous avons encerclé la ville de Nankin. L'armée japonaise n'accordera aucune grâce à ceux qui offrent une résistance, les traitant avec une extrême sévérité, mais ne causera aucun dommage aux civils ou militaires chinois qui ne manifestent aucune hostilité. Notre désir le plus cher est de préserver la culture de l'Asie Orientale. Si nos troupes continuent de combattre, la guerre à Nankin est inévitable. La culture qui perdure depuis un millénaire sera réduite en cendres et le gouvernement en place depuis dix ans va s'évanouir dans la nature. Ouvrez les portes de Nankin de façon pacifique et obéissez aux instructions suivantes.

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Tchang Kaï-chek

Pendant ce temps, les membres du Comité contactent Tang et suggèrent un cessez-le-feu de trois jours, durant lesquels les troupes chinoises pourront se rendre sans combat pendant que les Japonais garderaient leurs positions. Le général Tang accepte cette proposition à condition que le Comité international obtienne la permission du généralissime Tchang Kaï-chek, qui a fui vers Hankou où il a temporairement déplacé le siège militaire deux jours auparavant.

John Rabe monte à bord de la canonnière américaine Panay le 9 décembre et envoie deux télégrammes, le premier à Tchang par l'intermédiaire de l'ambassadeur américain à Hankou, et le second aux autorités militaires japonaises à Shanghaï. Le lendemain, il apprend que Tchang a ordonné que Nankin soit défendu jusqu'au dernier homme et a refusé la proposition.

Assaut et capture de Nankin

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Iwane Matsui entre dans Nankin.

Les Japonais attendent une réponse à leur demande de reddition, mais les Chinois ne donnent pas suite à cette demande jusqu'à l'échéance le 10 décembre. Le général Matsui Iwane attend une heure supplémentaire avant de finalement donner l'ordre de capturer Nankin par la force. L'armée japonaise se lance à l'assaut de Nankin à partir de plusieurs directions. La 16e division attaque trois portes à l'est, pendant que la 6e division et la 10e armée lancent l'offensive à l'ouest et la 9e division avance entre les deux autres fronts.

Le 12 décembre, sous le feu de l'artillerie lourde et des bombardements aériens, le général Tang Sheng-chi ordonne la retraite de ses hommes. La suite n'est que chaos. Certains soldats chinois dépouillent des civils de leurs habits dans une tentative désespérée de se fondre parmi eux, et plusieurs autres sont exécutés par leur hiérarchie chinoise alors qu'ils tentent de fuir.

Le 13 décembre, les 6e et 116e divisions de l'armée japonaise sont les premières à rentrer dans la cité, rencontrant peu de résistance militaire. Peu après, la 9e division entre près de la porte Guanhua, et la 16e division rentre par les portes Zhongshan et Taiping. Le même après-midi, deux petites flottes de la marine japonaise débarquent sur les deux rives du Yanzi Jiang. Nankin tombe aux mains des Japonais à la tombée de la nuit.

Poursuite et opérations de ratissage

Les troupes japonaises pourchassent les unités de l'armée chinoise qui battent en retrait, d'abord dans les environs de Xiakuan au nord des murs de la ville et autour de la montagne Zijin à l'est. Bien que les récits populaires suggèrent que la phase finale de la bataille consiste en un carnage des troupes chinoises par les Japonais, certains historiens nippons affirment que les militaires chinois restants constituent une menace sérieuse pour les Japonais. Le prince Asaka dira plus tard à un correspondant de guerre qu'il était dans une situation périlleuse quand ses quartiers généraux ont été attaqués par les forces chinoises dans leur fuite à l'est. De l'autre côté de la ville, la 10e compagnie du 45e régiment rencontre environ 20 000 soldats chinois qui font route vers le Xiakuan.

L'armée japonaise conduit ensuite une opération de ratissage aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la zone de sécurité de Nankin. Alors que l'extérieur de la zone de sécurité a été presque entièrement évacué, l'effort de ratissage se concentre dans la zone elle-même. Sur une superficie de 3,85 km2, le reste de la population de Nankin est littéralement entassé. Le commandement de l'armée japonaise assigne des secteurs de la zone de sécurité à certaines unités afin de séparer les soldats déguisés des civils.

Massacre

Les rapports des témoins occidentaux et chinois présents à Nankin dans les semaines qui suivent la chute de Nankin déclarent que dans les six semaines qui ont suivi la chute de la ville, les troupes japonaises ont perpétré des viols, meurtres, vols, incendies volontaires et autres crimes de guerre. Certains de ces témoignages proviennent des étrangers qui ont choisi de rester afin de protéger les civils chinois, dont les journaux intimes de John Rabe et de l'Américaine Minnie Vautrin. D'autres récits sont les témoignages à la première personne de survivants du massacre, des rapports de journalistes (à la fois occidentaux et japonais), mais également les journaux intimes des militaires. Le missionnaire américain John Magee réussit à tourner un film documentaire en 16 mm et les premières photographies du massacre.

Un groupe d'expatriés étrangers menés par John Rabe forme le Comité international de 15 personnes le 22 novembre et cartographie la zone de sécurité de Nankin afin de protéger les civils dans la cité. Rabe et le missionnaire américain Lewis S. C. Smythe, secrétaire du Comité international et professeur de sociologie à l'Université de Nankin, recueillent les actions des troupes japonaises et déposent les plaintes à l'ambassade japonaise.

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Photo prise à Xuzhou, montrant le corps d'une femme profané de la même façon que celle décrite dans cinquième cas du film de John Magee.

Le tribunal militaire international pour l'Extrême Orient a estimé que 20 000 femmes, dont des petites filles et des femmes âgées, furent violés, les soldats japonais pénétrant systématiquement dans les maisons, sortant les femmes pour les violer en réunion. Une fois violées, les femmes étaient tuées, souvent poignardées à la baïonnette, parfois après avoir été victimes de mutilations explicites, ou d'actes de barbarie, comme celles retrouvées un long bâton de bambou ou d'autres objets introduits dans le vagin. Le 19 décembre 1937, le révérend James M. McCallum écrit dans son journal intime :

Je ne sais pas quand cela se terminera. Jamais je n'ai entendu ou lu autant de brutalité. Viol ! Viol ! Viol ! Nous estimons au moins 1 000 cas par nuit et beaucoup de jour. En cas de résistance ou tout ce qui ressemble à une réprobation, il y a un coup de baïonnette ou une balle. Les gens sont hystériques. Les femmes sont emportées chaque matin, après-midi et soir. Toute l'armée japonaise semble libre d'aller et venir comme elle veut et de faire ce qui lui plaît.

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Cinquième cas du film de John Magee : Le 13 décembre 1937, environ 30 soldats japonais assassinent 9 des 11 occupants de la maison n°5 à Xinlukou. Une femme et ses deux filles adolescentes sont violées et les Japonais éperonnent une bouteille et un bâton dans leur vagin. Une fillette de huit ans est poignardée mais elle survit avec sa sœur. Elles sont retrouvées vivantes deux semaines plus tard après le meurtre de la femme âgée présente sur la photo. Les corps des victimes sont également visibles sur la photo.

Le 7 mars 1938, Robert O. Wilson, un chirurgien de l'hôpital universitaire américain dans la zone de sécurité, écrit dans une lettre à sa famille : une estimation prudente de personnes abattues de sang-froid se situe à environ 100 000, y compris bien sûr des milliers de soldats qui avaient déposé leurs armes.

Voici deux extraits de ses lettres du 15 et 18 décembre 1937 à sa famille :

Le massacre de civils est épouvantable. Je pourrais écrire des pages de cas de viol et de brutalité presque incroyables. Deux corps passés à la baïonnette sont les seuls survivants de sept balayeurs qui étaient assis sur leur siège lorsque les soldats japonais sont arrivés sans avertissement ou raison et ont tué cinq d'entre eux et blessé les deux qui ont réussi à trouver le chemin de l'hôpital.

Laissez-moi raconter certains cas qui ont eu lieu ces deux derniers jours. La nuit dernière la maison d'un des membres chinois du personnel de l'Université a été détruite et deux des femmes, qui sont parentes avec lui, ont été violées. Deux filles d'environ 16 ans ont été violées à mort dans un camp de réfugiés. Dans l'Université où se trouvent 8 000 personnes, les Japonais sont venus dix fois dans la nuit, passant au-dessus du mur, pour voler de la nourriture, des vêtements et violer jusqu'à satisfaction. Ils ont donné cinq coups de baïonnette à un petit garçon de huit ans dont un dans l'estomac, une partie de son épiploon se retrouvant hors de son abdomen. Je pense qu'il va vivre.

Dans son journal intime qu'il tiendra durant l'attaque et l'occupation de la ville par l'armée impériale japonaise, John Rabe rend compte des atrocités japonaises. Ainsi le 1er décembre, il écrit :

Deux soldats japonais ont escaladé le mur du jardin et étaient sur le point de pénétrer dans notre maison. Lorsque je les ai aperçus, ils ont prétendu avoir vu des soldats chinois escalader le mur. Quand je leur ai montré mon badge du parti, ils sont repartis par le même chemin. Dans une des maisons de la rue étroite qui passe derrière le mur de mon jardin, une femme a été violée et ensuite blessée à la baïonnette au niveau du cou. J'ai réussi à trouver une ambulance pour l'emmener à l'hôpital Kulou. La nuit dernière près de 1 000 femmes et filles ont dit avoir été violées, dont environ une centaine dans le collège pour filles de Ginling. Vous n'entendez rien d'autre que des viols. Si les maris ou frères interviennent, ils sont abattus. Tout ce que vous entendez et voyez n'est que brutalité et bestialité des soldats japonais.

Il existe aussi des rapports de troupes japonaises forçant les familles à commettre des actes d'inceste. Les fils sont contraints de violer leurs mères, et les pères de violer leurs filles. Une femme enceinte qui a été violée par plusieurs Japonais a donné naissance à son bébé quelques heures plus tard, le bébé semblant toutefois être sain et sauf. Les moines qui ont fait vœu de célibat sont également forcés à violer des femmes.

Massacre de civils

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Garçon tué par les Japonais avec la crosse d'un fusil, parce qu'il n'a pas ôté son chapeau

Le 13 décembre 1937, Rabe écrit dans son journal intime :

Ce n'est que lorsque l'on visite la ville que l'on apprend l'ampleur des destructions. Nous rencontrons des cadavres tous les 100 à 200 mètres. Les corps des civils que j'ai examinés avaient des trous de balles dans le dos. Ces personnes étaient vraisemblablement en fuite et ont été tuées par derrière. Les Japonais marchent à travers la ville par groupes de dix à vingt soldats et pillent les magasins. Je les ai vus de mes propres yeux car ils ont pillé le café de notre boulanger allemand Herr Kiessling. L'hôtel Hempel a été cassé, comme presque chaque boutique sur les rues Chung Chang et Taiping.

Le 10 février 1938, le Secrétaire de légation de l'ambassade allemande, Rosen, écrit à son ministère des affaires étrangères à propos d'un film tourné en décembre par le révérend John Magee et recommande son achat. Voici un extrait de sa lettre qui décrit certains des clichés. La lettre est conservée aux archives politiques du ministère des affaires étrangères à Berlin.

Durant le règne de la terreur japonais à Nankin qui en tout cas continue à ce jour dans des proportions incroyables le révérend John Magee, membre de la mission de l'église épiscopale américaine qui est sur place depuis près de vingt-cinq ans, a filmé des images qui sont un témoignage éloquent des atrocités perpétrées par les Japonais. Nous allons maintenant attendre et voir si les hauts officiers japonais réussiront, comme ils l'ont promis, à stopper les activités de leurs troupes, qui continuent encore aujourd'hui.

Le 13 décembre, environ 30 soldats sont venus à la maison chinoise au 5 rue Hsing Lu Koo, dans le quartier sud-est de Nankin et ont demandé à entrer. La porte a été ouverte par le propriétaire, un musulman appelé Ha. Ils l'ont tout de suite tué avec un revolver et également Mme Ha, qui s'est agenouillée devant eux après la mort de son mari, les suppliant de ne tuer personne d'autre. Mme Ha leur a demandé pourquoi ils ont tué son mari et ils l'ont abattue. Mme Hsia a été traînée de dessous une table dans la salle des invités où elle a tenté de se cacher avec son bébé âgé d'un an. Après avoir été déshabillée et violée par un ou plusieurs hommes, elle a reçu un coup de baïonnette dans la poitrine et une bouteille a ensuite été introduite dans son vagin. Le bébé a été tué à la baïonnette. Certains soldats sont ensuite allés dans la pièce suivante, où se trouvaient les parents de Mme Hsia, âgés de 76 et 74 ans, et ses deux filles de 16 et 14 ans. La grand-mère a essayé de protéger les deux filles du viol des soldats. Ils l'ont tuée avec un revolver. Le grand-père a saisi le corps de sa femme et a été tué. Les deux filles ont été ensuite déshabillées, la plus âgée violée par 2 ou 3 hommes et la plus jeune par trois hommes. La fille la plus âgée a été poignardée et un bâton introduit dans son vagin. La plus jeune a reçu des coups de baïonnette mais a été épargnée du traitement horrible subi par sa sœur et sa mère. Les soldats ont ensuite donné des coups de baïonnette à une autre sœur de 7-8 ans qui était aussi dans la pièce. Les derniers meurtres dans cette maison sont ceux des deux enfants des Ha, âgés respectivement de 4 et 2 ans. Le plus âgé a été tué à la baïonnette et le plus jeune à l'épée.

Les femmes enceintes sont assassinées, recevant souvent des coups de baïonnette dans l'estomac, parfois après avoir été violées. Tang Junshan, survivant et témoin d'un des massacres systématiques de l'armée japonaise, témoigne :

La septième et dernière personne de la première rangée était une femme enceinte. Le soldat pensait qu'il pourrait tout aussi bien la violer avant de la tuer, alors il l'a tirée hors du groupe à un endroit situé à une dizaine de mètres. Alors qu'il essayait de la violer, la femme a résisté avec vigueur. Le soldat l'a violemment poignardée dans le ventre avec une baïonnette. Elle a poussé un dernier cri lorsque ses intestins sont sortis. Ensuite, le soldat a poignardé le fœtus, avec son cordon ombilical clairement visible et l'a jeté à côté.

Selon le vétéran de la marine Sho Mitani, « l'armée utilisait un coup de trompette qui signifiait Tuez tous les Chinois qui s'enfuient. Des milliers ont été emmenés et exécutés en masse dans une excavation connue sous le nom Fossé aux dix milles corps, une tranchée mesurant environ 300 m de long et 5 m de large. Alors qu'aucun décompte précis n'a été conservé, les estimations du nombre de victimes enterrées dans ce fossé vont de 4 000 à 20 000 personnes. Toutefois, la plupart des chercheurs et des historiens considèrent qu'il y en a eu plus de 12 000.

Exécutions illégales des prisonniers de guerre chinois

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Prisonnier de guerre chinois décapité par un officier japonais avec un sabre japonais durant le massacre de Nankin.

Le 6 août 1937, Hirohito ratifie personnellement la proposition de son armée de supprimer les contraintes des lois internationales sur le traitement des prisonniers chinois. Cette directive conseille également aux officiers d'arrêter d'utiliser le terme de prisonnier de guerre.

Dès la chute de la ville, les troupes japonaises se lancent dans une recherche obstinée des anciens soldats, parmi lesquels des milliers de jeunes hommes sont capturés. Beaucoup sont amenés près du Yangzi Jiang, où ils sont exécutés à la mitrailleuse. Ce qui semble être le plus important massacre de troupes chinoises a lieu sur les berges du fleuve le 18 décembre. Les soldats japonais prennent la plupart de la matinée à attacher les mains des prisonniers de guerre ensemble et dans le crépuscule les divisent en quatre colonnes, avant d'ouvrir le feu sur eux. Incapables de s'enfuir, les prisonniers ne peuvent que crier et tomber dans le désespoir. Les mitrailleuses retentissent pendant une heure. Les soldats achèvent ensuite les prisonniers individuellement à la baïonnette. Beaucoup de cadavres sont ensuite jetés dans le Yangzi Jiang. On estime qu'environ 57 500 prisonniers de guerre chinois ont été tués.

Les troupes japonaises réunissent 1 300 soldats et civils à la porte Taiping et les tuent. Les victimes sont explosées par des mines, puis aspergées d'essence avant d'être brûlées. Les quelques survivants sont achevés à la baïonnette.

F. Tillman Durdin et Archibald Steele, deux journalistes américains, rapportent avoir vu des corps de soldats chinois formant des monts de près de deux mètres de haut à la porte Yijiang au nord. Durdin, qui travaille pour le New York Times fait un tour dans la ville avant de la quitter. Il entend des tirs de mitrailleuses et voit des soldats japonais exécuter près de 200 Chinois en dix minutes. Deux jours plus tard, dans son article dans le New York Times, il affirme que les rues sont jonchées de cadavres de civils, dont des femmes et des enfants.

Selon le témoignage du missionnaire Ralph L. Phillips du Comité d'enquête de l'assemblée d'état des États-Unis, il est forcé de regarder pendant que des Japs écorchaient un soldat chinois et  grillaient son cœur et son foie et l'ont mangé.

Vols et incendies volontaires

Un tiers de la ville est détruit par des incendies volontaires. Selon certains rapports, les troupes japonaises mettent le feu aux bâtiments gouvernementaux nouvellement construits, mais aussi aux maisons de beaucoup de civils. Les zones en dehors des murs de la ville sont largement détruites. Les soldats pillent les pauvres et les faibles. Le manque de résistance des troupes et des civils chinois à Nankin signifie pour les soldats japonais qu'ils sont libres de piller les richesses de la ville comme ils l'entendent. Il en résulte un pillage et un cambriolage généralisé.

Le 17 décembre, John Rabe écrit en tant que président du Comité international une plainte à Kiyoshi Fukui, second secrétaire de l'ambassade japonaise. En voici un extrait :

En d'autres mots, le 13, lorsque vos troupes sont entrées dans la ville, nous avions rassemblé presque toute la population civile dans une zone, dans laquelle il y a eu très peu de destruction par les obus et pas de pillage des soldats chinois, même en pleine retraite. Les 27 Occidentaux de la ville à ce moment et notre population chinoise ont été totalement surpris par le règne de vol, viol et assassinat initié par vos soldats le 14. Tout ce que nous demandons dans notre protestation est que vous restauriez l'ordre au sein de vos troupes et que la vie de la cité redevienne aussi normale que possible. Dans le dernier processus, nous étions heureux de coopérer de quelque façon que ce soit. Mais même la nuit dernière entre 20 et 21 heures lorsque cinq membres Occidentaux de notre personnel et du Comité ont visité la zone pour observer les conditions, nous n'avons trouvé aucune patrouille japonaise soit dans la zone ou à l'entrée!

Zone de sécurité de Nankin et rôle des étrangers

Les troupes japonaises respectent dans une certaine mesure la zone. Aucun obus n'est tiré sur cette partie de la ville, mis à part certains tirs isolés. Durant le chaos suivant l'attaque de la ville, certaines personnes sont tuées dans la zone de sécurité, mais les crimes perpétrés dans le reste de la ville sont bien plus nombreux.

Les soldats japonais commettent toutefois des actions dans la zone de sécurité qui font partie du massacre de Nankin. Le Comité international interpelle un certain nombre de fois l'armée japonaise, par l'intermédiaire de John Rabe qui utilise sans grand succès sa position de membre du parti nazi. Rabe écrit que parfois les Japonais entrent dans la zone à volonté pour enlever des centaines d'hommes et femmes, afin de les exécuter ou de les violer puis de les tuer.

Le 5 février 1938, le Comité international transmet à l'ambassade japonaise 450 cas de meurtres, viol et désordres généraux commis par des soldats japonais, qui ont été rapportés après que les diplomates américains, britanniques et allemands sont retournés dans leur ambassade.

Cas 5 : Dans la nuit du 14 décembre, il y a plusieurs cas de soldats japonais s'introduisant dans des maisons et violant ou enlevant des femmes. Ceci a créé un mouvement de panique et des centaines de femmes sont venues se réfugier dans le campus du collège Ginling hier.

Cas 10 : Dans la nuit du 15 décembre, un certain nombre de soldats japonais sont entrés dans l'Université de Nankin à Tao Yuen et ont violé 30 femmes sur place, certaines par six hommes.

Cas 13 : Le 18 décembre à 16h, au n° 18 I Ho Lu, des soldats japonais ont demandé une cigarette à un homme et comme il hésitait, un des soldats lui a asséné un coup de baïonnette sur le côté de sa tête. L'homme est maintenant à l'Hôpital universitaire et ne devrait pas survivre.

Cas 14 : Le 16 décembre, sept filles (âgées de 16 à 21 ans) ont été enlevées dans le collège militaire. Cinq sont revenues. Chaque fille a été violée six ou sept fois par jour. Rapporté le 18 décembre.

Cas 15 : Il y a environ 540 réfugiés entassés aux 83 et 85 de la rue de Canton. Plus de 30 femmes et filles ont été violées. Les femmes et les enfants pleurent toutes les nuits. Les conditions hors de la zone sont pires que ce que nous pouvons décrire. S'il vous plaît, aidez-nous.

Cas 16 : Une fille chinoise du nom de Loh, qui avec sa mère et son frère vivaient dans un centre de réfugiés a reçu une balle en pleine tête par un soldat japonais. Elle avait 14 ans. Le fait s'est produit près de Kuling Ssu, un temple au bord de la zone pour réfugiés.

Cas 19 : Le 30 janvier vers 17h, M Sone (du séminaire théologique de Nankin) a été accueilli avec plusieurs centaines de femmes suppliant de ne pas rentrer chez elles le 4 février. Ils ont dit qu'il n'est pas besoin de retourner chez eux au risque de se faire violer, voler ou tuer. Une vieille femme de 62 ans est retournée chez elle près de Hansimen et les soldats japonais sont venus pendant la nuit pour la violer. Elle a dit être trop vieille. Donc les soldats l'ont éperonnée avec un bâton. Mais elle a réussi à survivre pour revenir.

Selon les sources, Rabe aurait sauvé entre 200 et 250 000 Chinois.

Causes du massacre

Il n'existe pas d'explication apparente pour ce sinistre évènement. Les soldats japonais, qui espéraient une victoire facile, ont au contraire combattu pendant des mois et ont subi plus de pertes que prévu. Ils étaient las, en colère, frustrés et fatigués. Les femmes chinoises étaient sans défense, les hommes sans pouvoir ou absents. La guerre, bien que non déclarée, n'avait pas de but bien précis. Peut-être tous les Chinois, quels que soient leur âge ou sexe, semblaient marqués comme victimes.

Le nombre important de civils assassinés pose un grand défi logistique pour faire disparaître les corps. Beaucoup de Chinois ont donc été enrôlés dans des équipes de sépultures, une expérience qu'ils rapporteront plus tard comme horriblement traumatisante.

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Réaction de Matsui au massacre

Le 18 décembre 1937, lorsque Matsui commence à prendre la pleine mesure des viols, meurtres et pillages perpétrés dans la ville, il est consterné. Il aurait dit à un de ses aides civils : Je réalise maintenant que nous avons inconsciemment forgé un mauvais effet sur cette ville. Quand je pense aux sentiments de beaucoup de mes amis chinois qui ont fui Nankin et au futur des deux pays, je ne peux que me sentir déprimé. Je suis vraiment seul et ne pourrai jamais me réjouir de cette victoire. Il y a même une teinte de regret dans la déclaration qu'il publie à la presse ce matin : Je me sens personnellement désolé pour les tragédies du peuple, mais l'armée doit continuer sauf si la Chine se repent. Maintenant, durant l'hiver, la saison donne du temps à la réflexion. J'offre ma compassion, avec une émotion profonde, au million de peuple innocent. Le jour du Nouvel An, Matsui est encore énervé par le comportement des soldats japonais à Nankin. Pendant un toast, il confie à un diplomate japonais : mes hommes ont fait des choses très mauvaises et extrêmement regrettables.

Fin du massacre

Fin janvier 1938, l'armée japonaise force tous les réfugiés de la zone de sécurité à rentrer chez eux, déclarant dans le même temps que l'ordre est rétabli.

Après la mise en place du weixin zhengfu (le gouvernement de collaboration) en 1938, l'ordre est petit à petit restauré à Nankin et les atrocités des troupes japonaises diminuent considérablement.

Le 18 février 1938, le Comité international de la zone de sécurité Nankin est renommé de force Comité international de secours de Nankin et la zone de sécurité cesse effectivement d'exister. Les derniers camps de réfugiés sont fermés en mai 1938.

Rappel de Matsui et Asaka

En février 1938, le prince Asaka et le général Matsui sont tous les deux rappelés au Japon. Matsui prend sa retraite, mais le prince Asaka reste au Conseil martial suprême jusqu'à la fin de la guerre en août 1945. Il est promu au rang de général en août 1939, bien qu'il ne détienne plus de responsabilités militaires.

Estimation du nombre de victimes

Les estimations sur le nombre de victimes diffèrent en fonction de la définition de la zone géographique et de la durée des évènements.

Portée et durée

Le point de vue le plus conservateur est que la zone géographique des événements devrait être limitée aux quelques km2 de la ville que constitue la zone de sécurité, où les civils se sont entassés après l'invasion. Beaucoup d'historiens japonais s'emparent du fait que durant l'invasion japonaise il y avait seulement 200 à 250 000 citoyens à Nankin, comme le rapporte John Rabe, afin de prouver que le chiffre de 300 000 est fortement exagéré selon eux.

Toutefois, de nombreux historiens incluent une zone plus grande autour de la ville. En intégrant le district de Xiaguan (environ 31 km2 dans la banlieue nord de la ville) et d'autres zones dans la périphérie de la ville, la population de Nankin est de 535 à 635 000 civils et soldats juste avant l'occupation japonaise. Certains historiens incluent également les six comtés autour de Nankin, connus sous le nom de Municipalité spéciale de Nankin.

La durée des événements est naturellement définie par sa géographie : plus tôt les Japonais sont entrés sur la zone, plus long a été la durée. La bataille de Nankin se termine le 13 décembre, lorsque les divisions de l'armée japonaise entrent dans les murs de la ville de Nankin. Le tribunal des crimes de guerre de Tokyo définit la période du massacre sur les six semaines qui ont suivi. Des estimations plus conservatrices disent que le massacre a débuté le 14 décembre lorsque les troupes sont entrées dans la zone de sécurité, et qu'il a duré six semaines. Les historiens considèrent que le massacre de Nankin a commencé au moment où l'armée japonaise est entrée dans la province du Jiangsu, soit dès mi-novembre ou début décembre (Suzhou tombe le 19 novembre), et fixent la fin du massacre à la fin du mois de mars 1938.

Estimations variées

Selon le tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient, les estimations faites a posteriori comptabilisent plus de 200 000 civils et militaires assassinés à Nankin et dans sa périphérie durant les six premières semaines de l'occupation japonaise. Ces estimations sont confirmées par les chiffres des sociétés et autres organisations mortuaires, qui témoignent plus de 150 000 corps enterrés. Ces chiffres ne tiennent pas compte des personnes dont les corps ont été détruits par le feu, la noyade ou d'autres moyens.

Selon le verdict du tribunal des crimes de guerre de Nankin le 10 mars 1947, il y a plus de 190 000 civils et soldats chinois assassinés en masse par des mitrailleuses de l'armée japonaise, dont les corps ont été brûlés pour détruire les preuves. En outre, nous comptons plus de 150 000 victimes d'actes de barbarie. Nous avons donc au total plus de 300 000 victimes.

La mesure des atrocités est sujette à débat, avec des chiffres allant de quelques centaines dans les rapports japonais, à 300 000 morts de non-combattants dans les rapports chinois. Les historiens japonais, en fonction de leur définition de la zone géographique et de la durée des tueries, proposent des estimations très différentes sur le nombre de civils massacres, allant de plusieurs centaines jusqu'à 200 000.

Les sources en langue chinoise ont tendance à citer un nombre de civils massacrés au-dessus de 200 000. Par exemple, une enquête après-guerre par la Cour du District de Nankin avance le nombre 295 525 morts durant les événements, dont 76 % d'hommes, 22 % de femmes et 2 % d'enfants. Un documentaire taïwanais en 42 parties produit entre 1995 et 1997, appelé Un Pouce de sang pour un pouce de terre, affirme que 340 000 civils chinois sont morts dans la ville de Nankin suite à l'invasion japonaise. 150 000 durant les bombardements et les feux croisés des cinq jours de bataille et 190 000 dans le massacre. Ces chiffres se basent sur les preuves présentées aux procès de Tokyo.

D'autres pays estiment le nombre de morts entre 150 et 300 000, en se basant sur le verdict du tribunal des crimes de guerre de Nankin, et une autre estimation des victimes civiles est de 40 à 60 000. Ce dernier chiffre correspond au recoupement de trois sources : Le journal officiel de l'Armée rouge de cette époque, le Hangdibao, celui de Miner Searle Bates, membre du Comité international de la zone de sécurité et enfin les chiffres mentionnés par John Rabe dans une lettre. Ainsi, l'historien américain Jonathan Spence estime ainsi que 42 000 civils et militaires ont été tués et 20 000 femmes violées, dont beaucoup sont mortes par la suite. Le compte de victimes de 300 000 est évoqué pour la première fois en janvier 1938 par Harold Timperley, un journaliste présent en Chine durant l'invasion japonaise. D'autres sources, dont le livre d’Iris Chang, Le viol de Nankin, concluent également à un nombre de morts de 300 000. En décembre 2007, le gouvernement américain déclassifie un télégramme de l'ambassadeur américain à Berlin, envoyé un jour après que l'armée japonaise occupe Nankin, dans lequel il dit avoir entendu l'ambassadeur japonais en Allemagne fanfaronner que l'armée japonaise a tué 500 000 Chinois sur la route entre Shanghai et Nankin.

Tribunaux de crimes de guerre

Peu après la reddition du Japon, les officiers primaires responsables des troupes japonaises à Nankin sont mis en jugement. Le général Matsui est inculpé devant le tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient pour avoir  délibérément et imprudemment ignoré son devoir légal de prendre des mesures adéquates pour assurer l'observation et prévenir les infractions des Conférences de La Haye. Hisao Tani, le lieutenant général de la 6e division de l'armée japonaise à Nankin est jugé par le tribunal des crimes de guerre de Nankin.

D'autres dirigeants militaires japonais en fonction au moment du massacre de Nankin ne sont pas jugés. Le Prince Kan'in, chef du personnel de l'armée japonaise impérial durant le massacre, meurt avant la fin de la guerre, en mai 1945. Le prince Asaka bénéficie d'une immunité en raison de son statut de membre de la famille impériale. Isamu Chō, l'aide du prince Asaka, et à qui certains attribuent le mémo tuez tous les prisonniers, se suicide au cours de la défense d'Okinawa.

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Garantie d'immunité pour le prince Asaka

Le 1er mai 1946, les responsables du Commandement suprême des forces alliées interrogent le prince Asaka, qui est officier dans la ville au moment des atrocités, à propos de son implication dans le massacre de Nankin. La déposition est envoyée à la section des poursuites internationales du tribunal de Tokyo. Asaka nie l'existence du massacre et déclare n'avoir jamais reçu de plaintes concernant la conduite de ses troupes. Quelle que fut sa culpabilité, Asaka n'est pas poursuivi devant le tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient à cause du pacte conclu entre le général MacArthur et Hirohito, selon lequel l'empereur lui-même ainsi que tous les membres de la famille impériale jouissent d'une immunité contre les poursuites.

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Preuves et témoignages

Le procès commence à juger les évènements de Nankin en juillet 1946. Le docteur Robert Wilson, un chirurgien et membre du Comité international de la zone de sécurité de Nankin, témoigne le premier.

 Les autres membres du Comité international de la zone de sécurité de Nankin qui témoignent sont Miner Searle Bates et John Magee. George A. Fitch, Lewis Smythe et James McCallum remplissent des déclarations écrites sous serment avec leurs journaux intimes et lettres.

Une autre pièce à conviction soumise au tribunal est le télégramme de Harold Timperley concernant le massacre de Nankin qui est intercepté et décodé par les Américains le 17 janvier 1938.

Un des livres écrit par Hsü, Les Documents de la zone de sécurité de Nankin, est apporté devant la cour.

Selon le journal intime personnel de Matsui, un jour après la cérémonie triomphale de l'entrée dans la ville le 17 décembre 1937, il donne l'ordre aux chefs de chaque division de renforcer la discipline militaire et d'essayer d'éradiquer le sentiment de dédain envers les Chinois de la part de leurs soldats.

Le 7 février 1938, Matsui prononce un discours en l'honneur des officiers japonais et des hommes des Forces expéditionnaires de Shanghai qui ont été tués au combat. Devant les hauts officiers, l'agence d'information Domei rapporte qu'il souligne la nécessité de mettre fin aux différents rapports qui affectent le prestige des troupes japonaises.

Le même jour, dans son journal, il écrit : je ne pouvais seulement ressentir que la mélancolie et la responsabilité aujourd'hui, qui ont en grande majorité percé mon cœur. Ceci est causé par les mauvais agissements de l'armée après la chute de Nankin et l'échec de poursuivre avec le gouvernement autonome et d'autres régimes politiques.

Défense de Matsui

La défense de Matsui varie entre le déni des atrocités menées à grandes échelle et la soustraction de sa responsabilité sur ce qui s'est passé. Finalement, il fera de nombreuses déclarations contradictoires.

Lors de son interrogatoire dans la prison de Sugamo avant le procès, Matsui admet avoir eu vent par des diplomates japonais des nombreuses atrocités commises par ses troupes depuis son entrée dans la ville le 17 décembre 1937.

Devant la cour, il contredit son premier témoignage et dit aux juges qu'il n'a pas été officiellement informé au consulat au sujet des exactions, sans doute pour éviter d'admettre tout contact avec les fonctionnaires du consulat comme le deuxième secrétaire (qui deviendra plus tard Consul général) Fukui Kiyoshi et Fukuda Tokuyasu qui ont reçu et traité les protestations déposées par le Comité international.

Lors du même interrogatoire devant le tribunal, Matsui affirme qu'un officier et trois soldats de rangs inférieurs ont été en cour martiale en raison de leur mauvais comportement à Nankin, l'officier ayant été condamné à la peine capitale.

Dans sa déclaration écrite sous serment, Matsui dit qu'il ordonna à ses officiers d'enquêter sur le massacre et de prendre les mesures nécessaires. Devant la cour, cependant, Matsui dit qu'il n'avait pas compétence sur l'inconduite des soldats car il n'était pas en position de superviser la discipline et la morale militaire.

Matsui affirme qu'il n'a jamais ordonné l'exécution de prisonniers de guerre chinois. Il a en outre fait valoir qu'il avait ordonné à ses commandants de division de l'armée à punir leurs troupes pour des actes criminels, et n'était pas responsable de leur échec à mener à bien ses directives. Au procès, Matsui sort de sa ligne de défense pour protéger le prince Asaka pour faire porter le blâme aux commandants des divisions inférieures.

Verdict

Au final, le tribunal ne condamne que deux accusés du Viol de Nankin.

Matsui est déclaré coupable du chef d'accusation 55, d'être l'un des officiers supérieurs qui a délibérément négligé de tenir compte et de leurs obligations légales en vertu de leurs bureaux respectifs à prendre des mesures adéquates pour assurer le respect des lois et coutumes de la guerre et prévenir les violations de celui-ci, et ainsi violé les lois de la guerre.

Hirota Koki, qui était le ministre des Affaires étrangères lorsque le Japon a conquis Nankin, a été reconnu coupable d'avoir participé à l'élaboration ou l'exécution d'un plan concerté ou complot (chef d'accusation 1), menant une guerre d'agression et une guerre en violation des lois internationales, traités, accords et des assurances contre la République de Chine (chef d'accusation 27). Il est également reconnu coupable du chef d'accusation 55.

Matsui est condamné par une majorité des juges du Tribunal de Tokyo qui juge qu'il porte l'ultime responsabilité de l'orgie criminelle à Nankin car il n'a rien fait, ou rien d'efficace, pour réduire ces horreurs.

L'assassinat organisé et à grande échelle de civils de sexe masculin a été menée avec la sanction apparente des commandants sur le prétexte que les soldats chinois avaient enlevés leurs uniformes et se mêlaient à la population. Des groupes de civils chinois ont été formés, lié les mains derrière le dos et conduits à l'extérieur des murs de la ville où ils ont été tués par groupes par le feu de mitrailleuses et de baïonnettes. Du Jugement du Tribunal militaire international.

Radhabinod Pal, le membre du tribunal pour l'Inde, en désaccord avec la déclaration de culpabilité fait valoir que le commandant en chef doit s'appuyer sur ses officiers subalternes pour faire respecter la discipline militaire. Le nom de la justice, Pal a écrit dans son opinion dissidente, ne devrait pas être autorisé à être invoquée que pour les représailles vindicatives.

Sentence

Le 12 novembre 1948, Matsui et Hirota, avec cinq autres accusés de crimes de guerre de classe A, sont condamnés à mort par pendaison. Dix-huit autres personnes reçoivent des peines moindres. La condamnation à mort de Hirota, décision de six à cinq juges sur onze, a choqué le public en général et a provoqué une pétition en son nom, qui ne tarda pas à rassembler plus de 300 000 signatures. Mais celle-ci n'a pas réussi à commuer la peine du ministre.

Le général Hisao Tani est quant à lui condamné à mort par le tribunal des Crimes de guerre de Nankin.

Mémoriaux

En 1985, le Mémorial du massacre de Nankin est construit par le gouvernement municipal de Nankin en mémoire des victimes et pour sensibiliser l'opinion publique au massacre de Nankin. Il est situé près d'un site où des milliers ont été enterrés, connu sous le nom de fosse aux dix milles corps.

En 1995, Daniel Kwan tient une exposition photographique à Los Angeles, appelée  L'Holocauste oublié.

En 2005, l'ancienne résidence de John Rabe à Nankin est rénovée et accueille le Mémorial de John Rabe et de la Zone internationale de sécurité, qui a ouvert en 2006.

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Controverse

 La Chine et le Japon ont tous les deux reconnus des atrocités commises en temps de guerre. Toutefois des litiges portant sur la représentation historique de ces événements continuent encore aujourd'hui de causer des tensions entre le Japon d'un côté et la Chine et d'autres pays d'Asie de l'autre côté.

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Des soldats de l'armée impériale japonaise pénètrent dans la ville de Nanjing en janvier 1938.

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01/11/2013
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BATAILLE DE TAIYUAN 1937

Date 1er septembre au 9 novembre 1937

Lieu Taiyuan, Shanxi, Chine

Issue Victoire japonaise; l'armée impériale prend le contrôle de la région

                     Belligérants

République de Chine         Empire du Japon

Parti communiste chinois  Mengjiang

            Forces en présence

580 000 hommes               140 000 hommes

                           Pertes

100 000 Hommes             30 000 hommes

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La bataille de Taiyuan opposa en 1937 l'Armée impériale japonaise et l'Armée nationale révolutionnaire chinoise pendant la guerre sino-japonaise.

En septembre 1937, l'armée japonaise envahit le Shanxi afin de prendre le contrôle de la région et de s'emparer de ses ressources naturelles. La chute de Datong amena les troupes chinoises à se positionner sur la défensive, aux alentours de la Grande muraille. L'envoi de forces armées pour défendre Shijiazhuang eut cependant pour effet de dégarnir le front du nord, permettant aux Japonais d'enfoncer le front chinois.

Les troupes des communistes de la Huitième armée de route, intégrées à l'armée régulière chinoise dans le cadre du deuxième front uni, participèrent aux combats contre les Japonais. L'armée impériale était soutenue par les troupes des indépendantistes de Mongolie-Intérieure, commandées par le prince Demchugdongrub.

Les Japonais finirent par contourner le défilé de Niangziguan à la fin octobre, déjouant ainsi la défense chinoise de la ville, et entraînant la chute de Taiyuan le 9 novembre.

La victoire japonaise à Xinkou favorisa encore leur conquête de la région, malgré leur échec face aux communistes à Pingxingguan. Les Japonais remportèrent une victoire importante, arrachant aux Chinois le contrôle du Shanxi et d'une partie du Suiyuan, et mettant un terme provisoire à la résistance armée dans le nord de la Chine. Ils s'emparèrent également de la mine de charbon de Datong, mais se trouvèrent ensuite en butte aux attaques ponctuelles de la guérilla communiste de la région, ce qui eut pour effet de retarder sur place une partie de leurs troupes.


30/10/2013
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BATAILLE DE SHANGHAI 1937

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Soldats chinois è la défense de la ville

Date 13 août au 26 novembre 1937

Lieu Shanghai et alentours, en Chine

Issue victoire japonaise

                  Belligérants

République de Chine              Empire du Japon

                Forces en présence

600 000 hommes                    300 000 hommes

200 avions                             500 avions, 300 chars, 130 navires

                               Pertes

Environs 200 000hommes     environs 70 000 Hommes

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La bataille de Shanghai opposa en 1937 l'Armée impériale japonaise à l'Armée nationale révolutionnaire chinoise pendant la guerre sino-japonaise.

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Lieutenant japonais Isao Oyama

Le Service aérien de la marine impériale japonaise y procéda à l'un des premiers bombardements stratégiques de l'histoire. Ayant déclenché la guerre en juillet, l'Empire du Japon souhaitait conclure la guerre aussi rapidement que possible. Les Japonais disposaient, avant même le déclenchement ouvert du conflit, de troupes et de garnisons dans la ville spéciale de Shanghai, qui représentait un point stratégique privilégié, grâce notamment à son accès à la mer. Le 9 août, le lieutenant japonais Isao Oyama, ayant pénétré illégalement dans l'aéroport de Hongqiao, fut abattu par les troupes chinoises de maintien de la paix. Les Japonais demandèrent immédiatement le démantèlement unilatéral des troupes chinoises de la zone spéciale de Shanghai. Devant le prévisible refus chinois, la situation dégénéra en conflit ouvert.

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Chinois chargeant à Luodian

A partir du 13 août, les troupes japonaises et chinoises commencèrent à s'affronter. Tchang Kaï-Chek ordonna au général Zhang Zhizhong de débuter le 14 une offensive contre les Japonais, comptant sur la supériorité numérique des troupes chinoises pour battre l'armée impériale. La ville fut parcourue d'une série de batailles de rue particulièrement intenses, afin de conquérir ou défendre quartier après quartier.

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Enfant chinois pleurant dans les décombres après le bombardement de la ville par l'aviation Shōwa, le 28 août 1937.

Dès le 14, l'aviation japonaise commença à attaquer les cibles chinoises, provoquant des dizaines de milliers de morts civils. Les forces aériennes chinoises, supérieures en nombre, contre-attaquèrent alors efficacement, abattant plusieurs avions japonais. L'armée de l'air japonaise bénéficiait cependant d'une technologie plus avancée, et ses avions abattus pouvaient être rapidement remplacés, ce qui n'était pas le cas des avions chinois. Les succès initiaux de l'aviation chinoise furent vite annulés : si les Chinois parvinrent à abattre 85 avions japonais durant les combats dans la région de Shanghai, les Japonais abattirent de leur côté 91 avions chinois, ce qui représentait près de la moitié des forces aériennes de la République de Chine.

Débarquement Japonais

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Le centre-ville de Shanghai est la proie des flammes dues aux bombardements du Service aérien de la marine impériale japonaise

A partir du 23 août, les troupes japonaises amphibies commencèrent à débarquer massivement, entraînant la retraite des troupes chinoises de la ville de Shanghai elle-même. Les deux semaines suivantes virent une série de combats particulièrement intenses dans les villes et villages des environs de Shanghai.

La résistance chinoise fut acharnée, et les Japonais durent batailler pour prendre un village côtier après l'autre. Mais, mal armées et ne disposant pas de forces navales suffisantes pour leur venir en renfort, les troupes chinoises perdirent peu à peu du terrain. Du 11 au 30 septembre, des combats très durs eurent lieu autour de la ville de Luodian, qui représentait un point stratégique : les Chinois durent affronter un adversaire disposant désormais d'une puissance de feu très importante, et perdirent de nombreux hommes. L'armée chinoise parsema de champs de mines les routes conduisant aux villes côtières des environs de Luodian. A la fin août, les combats se firent également très âpres dans la ville côtière de Baoshan, autre point stratégique vital. Le 6 septembre, la ville tomba, les Japonais ayant réussi à anéantir les troupes chinoises qui en assuraient la défense.

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Troupes japonaises progressant dans des ruines

A compter d'octobre, les troupes japonaises avaient vu monter leurs effectifs dans la région de Shanghai jusqu'à 200 000 hommes, le Japon espérant accélérer la fin du conflit. La ville de Dachang, au sud de Shanghai, et les berges de la rivière Yunzaobin, furent le cadre de combats acharnés, dans lesquels les Japonais ne réussirent qu'à avancer de cinq kilomètres entre le 11 septembre et le 20 octobre. L'armée chinoise du Guangxi, arrivée en renfort, organisa une contre-offensive qui échoua. Dachang tomba finalement le 25 octobre. A la fin du mois d'octobre, Tchang Kaï-chek organisa la défense de la rivière Suzhou, contre l'avis d'autres chefs militaires comme Li Zongren, qui souhaitaient que les troupes chinoises soient déployées au plus vite pour défendre Nankin. L'armée chinoise, épuisée, ne parvint pas à empêcher les Japonais de traverser la rivière et de prendre la berge le 30 octobre.

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Soldats chinois dans un immeuble après un bombardement

Peu après leur victoire définitive, les Japonais établirent à Shanghai un gouvernement collaborateur, chargé d'administrer la région.

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Des marins nippons défilent dans les rues de Shanghai après leur victoire.

La durée et l'intensité inattendues des combats à Shanghai firent comprendre aux Japonais que le conflit en Chine serait plus long et plus difficile que prévu. L'armée japonaise décida de prendre au plus vite la capitale, pour venir à bout du gouvernement chinois, dans l'espoir d'abréger la résistance. S'ensuivirent la déroute des troupes chinoises à Nankin et un massacre de grande ampleur.

La bataille de Shanghaï (guerre Sino-japonaise) août - décembre 1937

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Le croiseur japonais Azuma

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l'USS Augusta

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Les soldats Japonais

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30/10/2013
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