GUERRE CHINE-JAPON 1937-1945

GUERRE CHINE-JAPON 1937-1945

ARMÉE CHINOISE 1920-1945 1e partie

En 1911, Sun Yat Sen, à la tête du Kuomintang (KMT) ou Guomingdang (GMD), parvient à soulever la Chine du Sud et à rallier une partie de l'armée, des élites progressistes bourgeoises et des provinces. La première république République de Nankin est proclamée en 1912, l'empereur abdique et Sun Yat Sen est élu président. C'est la fin de la dynastie Qing. Mais ce n'est pas pour autant le signe de la restauration de la paix civile et politique interne.

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Sun est contraint de partager le pouvoir avec le président Yuan Shikai qui vise à restaurer l'empire à son profit tandis que le nord du pays tombe sous la coupe des seigneurs de guerre, potentats locaux, souvent anciens dignitaires militaires ou politiques provinciaux de l'époque impériale (gouvernement de Beiyang). C'est à cette époque aussi que les communistes de Mao Zedong, sortant de la clandestinité, deviennent de plus en plus actifs. L'empereur auto-proclamé/Président de la République Yuan Shikai meurt le 6 juin 1916. Li Yuanhong, vice-président de la République de Chine, devient chef de l'État, selon les dernières volontés (non constitutionnelles) de Yuan Shikai.

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Il restaure la constitution provisoire de 1912, ainsi que le parlement. Le 1er août 1916, le Kuomintang retrouve une majorité à la chambre et la République est définitivement rétablie sous l'autorité de Sun Yat Sen mais l'autorité centrale chinoise est néanmoins fortement affaiblie et l'armée elle-même est divisée. Sun et ensuite son successeur Tchang Kaï-chek entreprennent de restaurer l'unité militaire du pays en fondant l'Armée révolutionnaire nationale et en entrant, avec l'aide des communistes, en campagne contre les seigneurs de guerre. Mais en 1927, à l'issue de la campagne du Nord, communistes et républicains nationalistes entrent à leur tour en conflit et une nouvelle situation de guerre civile s'installe à nouveau.

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Aisin-Gioro Puyi 1906- 1967

Profitant du chaos, le Japon, toujours soucieux d'étendre ses intérêts coloniaux en Chine, devient dès le début des années 1930 un nouvel acteur prépondérant de l'imbroglio politico-militaire chinois. Utilisant la Corée qu'ils occupent depuis 1895 comme base arrière, les Japonais prennent le contrôle de la Mandchourie chinoise : l'État client manchou du Mandchoukuo est créé et Pu Yi y est restauré empereur tout en restant sous le parfait contrôle du pouvoir japonais.

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Drapeau de la République (au centre) encadré par ceux de l'armée (gauche) et du KMT (droite)

La République et les seigneurs de la guerre

Les unités européanisées le plus souvent à l'initiative de leurs commandants de la défunte armée impériale constituèrent le noyau de l'armée de la toute jeune république chinoise, certains de ses dignitaires, comme Yuan Shikai (1859-1916), jouant aussi d'ailleurs un rôle politique prépondérant dans celle-ci comme évoqué plus haut. C'est l'époque où l'influence allemande se fait encore fortement sentir, le modèle prussien ayant fait largement école dans le monde à la fin du XXe siècle après la victoire de 1871 et du fait également de l'importante présence économique allemande en Chine.

Avec l'instauration de la République, l'armée chinoise va définitivement s'équiper à l'européenne et son uniforme va passer du bleu foncé au gris vert en 1918. Après 1918, c'est encore l'Allemagne qui prend en charge l'entraînement et l'équipement de l'Armée chinoise pour quelques années. Privée d'armée par le traité de Versailles, condamnée au versement d'exorbitantes indemnités de guerre et disposant d'énormes quantités de matériel datant de la Première Guerre Mondiale et de son complexe militaro-industriel toujours intact, l'Allemagne se lance en effet à cette époque dans un vaste programme d'assistance militaire international aux nations émergentes, Asie, Amérique latine, États baltes pour pouvoir permettre l'entrée de devises étrangères, tenter de soutenir un peu son économie plus que vacillante et financer les dommages de guerre. L'avènement des puissances fascistes en Europe (Italie (1922) puis Allemagne (1933)) et la création consécutive du pacte anti-komintern amèneront l'Italie et le IIIe Reich à devenir à leur tour fournisseurs et conseillers militaires de l'armée républicaine qui avait aussi bénéficié au début des années 1920 du soutien de l'URSS ! La France et dans une moindre mesure les États-Unis, qui avaient eux aussi d'importants intérêts en Chine à l'époque, contribuèrent également à l'armement des forces armées républicaines (notamment des forces aériennes). Tant et si bien que l'arsenal de l'armée chinoise ressemble à l'époque à un véritable catalogue de l'armement occidental, blindés russes côtoyant canons et fusils allemands, mitrailleuses Browning américaines, chenillettes italiennes ou françaises, casques Adrian et Stahlhelm M1935, et même fusils mitrailleurs Zb26 tchécoslovaques !

Toujours à court d'équipement, certains soldats seront encore pourtant armés de cimeterres traditionnels, de piques voire de simples lances en bambous. Très souvent sponsorisés par de grandes compagnies étrangères ayant d'importants intérêts en Chine (chemins de fer, mines, etc.) et eux aussi clients des fournisseurs allemands, les seigneurs de guerre bénéficient comparativement d'un bien meilleur équipement que l'armée républicaine (trains blindés, artillerie et même parfois aviation) au début des années 1920 même si dans ces armées privées, la piétaille est encore aussi bien souvent équipée d'armes blanches traditionnelles. Certaines de ses armées bénéficiaient aussi de l'expérience d'anciens Russes blancs recrutés à la fin de la guerre civile russe.

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Carte des zones d'influence des seigneurs de guerre chinois en 1925.

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Combattants chinois sur la Grande Muraille appartenant probablement à une armée privée. Ils sont armés du cimeterre Dao traditionnel.

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Le fusil Hanyang Mod. 88 est une copie chinoise du Gewehr M88 Mauser allemand

L'Armée nationale révolutionnaire

Quand éclate le soulèvement de Wuchang qui aboutira à l'instauration de la République, l'armée rebelle compte quelque 800.000 hommes, étudiants, cadets des académies militaires et troupes modernisées impériales mutinées. Ceux-ci portent toujours leurs uniformes kaki, débarrassés de ses insignes impériaux qui seront remplacés sur le bandeau du képi par l'étoile républicaine en métal émaillé. Les étudiants portent leurs uniformes scolaires, mêlés d'équipement militaire en coton filé (cartouchières, etc) équipement typique de l'armée rebelle. Une bande blanche autour du bandeau du képi les distingue des forces impériales. 1922 voit l'apparition d'un nouvel uniforme en coton pour l'ANR - désigné dans la presse comme le nouvel uniforme des guerriers de Sun Yat-sen : casquette plate kaki à bandeau noir, veste kaki avec collet droit timbré de patchs rouges, épaulettes rouges, short kaki et bandes molletières en laine noire. Le début de la campagne du Nord contre les seigneurs de guerre marquera l'introduction d'une nouvelle version brun clair avec pantalon et bandes molletières, équipement en toile, armement indigène (fusils Hanyang et sabre Dao) ou allemand (reliquat impérial ou nouveaux arrivages).

Armement individuel essentiellement d'origine allemande ou indigène. Le pistolet Mauser C96 fut une arme très appréciée des cadres de l'ANR. Les vieux Mannlichers autrichiens hérités de l'armée impériale restent encore en service en ces années 1920.

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Pistolet automatique Mauser C96

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Pistolet mitrailleur allemand MP18/28

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Fusil Kampfer, arme personnelle de Tchan Kai-cheik

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Des soldats sont coiffés du casque français Adrian Mod. 1916 (bombe légèrement plus volumineuse que sur le Mod. 1936 de la Deuxième Guerre Mondiale).

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Servants chinois d’un fusil-mitrailleur de fabrication chinoise

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Armée du Kuomintang

Après la rupture avec les communistes, la branche nationaliste de l'ANR reçoit le soutien de l'Italie fasciste puis du IIIème Reich. La Tchécoslovaquie devient également un nouveau fournisseur en particulier après l'annexion par l'Allemagne et aussi, dans une moindre mesure à ce moment, les États-Unis.

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Unité du KMT à l'entraînement : l'équipement est essentiellement allemand. La presque totalité de l'équipement moderne sera perdu pendant la bataille de Nanking et dans les semaines qui suivront.

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Combat dans les environs de Shanghai. Le soldat au centre est armé d'un FM tchèque, qui deviendra l'arme d'appui de section par excellence. Les Japonais n'hésiteront pas à retourner cet excellent fusil-mitrailleur ancêtre du Bren Gun britannique contre ses précédents utilisateurs chaque fois qu'ils en saisiront.

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Le FM ZB26 tchèque et le Stahlhelm M35 donne à ce soldat du KMT une apparence très proche de celle de son contemporain allemand.

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Servants chinois d'une pièce anti-char allemande PAK 37 



24/07/2014
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