GUERRE CHINE-JAPON 1937-1945

GUERRE CHINE-JAPON 1937-1945

HISTORIQUE


GUERRE SINO-JAPONAISE 1937-1945

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Soldats japonais dans les ruines de Shanghai en 1937.

Date 7 juillet 1937 - 9 septembre 1945

Lieu Chine

Casus belli Incident du pont Marco Polo

Changements territoriaux Rétrocession de la Mandchourie et de Taïwan

                                 Issue

Victoire chinoise,                    capitulation inconditionnelle des Japonais.

                        Belligérants

République de Chine           Empire du Japon

Parti communiste chinois     Mandchoukouo

États-Unis                             Mengjiang Gouvernement collaborateur chinois

Union soviétique

République populaire mongole

Forces en présence

5 600 000, en incluant les troupes communistes    4 100 000, en incluant

                                                                                  les Collaborateurs               

                                        Pertes

3 200 000 militaires, 17 530 000 civils                1 100 000 militaires

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La Seconde Guerre sino-japonaise fut une invasion massive de la partie orientale de la Chine par l'Armée impériale japonaise. Six ans après l'invasion de la Mandchourie, l'Empire du Japon poursuivait sa politique expansionniste en Chine. Optimistes sur leurs chances de terminer rapidement le conflit, les Japonais allèrent jusqu'à envisager, dans les premières semaines, de gagner la guerre en trois mois[1] : malgré les victoires initiales du Japon, la guerre dura huit ans, l'Empire se trouvant contraint de gérer un territoire très vaste et non stabilisé.

L'attaque japonaise provoqua une trêve dans la guerre civile qui opposait depuis dix ans le Kuomintang et le Parti communiste chinois, ces deux mouvements réalisant une alliance contre l'envahisseur. Le conflit sino-japonais, particulièrement meurtrier, eut de lourdes conséquences sur l'histoire de la Chine et sur les équilibres géopolitiques de la région dans les décennies suivantes.

À compter de 1939, le conflit commença à s'étendre en-dehors de la Chine, avec l'affrontement soviéto-japonais en Mongolie. À partir de 1941 et de l'entrée de la République de Chine au sein des Alliés, la guerre en Chine s'intégra officiellement au théâtre asiatique de la Seconde Guerre mondiale.

La guerre sino-japonaise prit fin avec la reddition du Japon en 1945, et fut suivie d'une reprise de la guerre civile chinoise.

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Côté chinois

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Tchang Kaï-chek durant la bataille de Shanghai.

La Seconde guerre sino-japonaise est communément connue en mandarin sous le nom de  Guerre anti-japonais ou Guerre pour résister aux Japonais, Guerres chinoises pour résister aux Japonais, de plus en plus simplement abrégé en Guerre de résistance. Cependant, en fonction des régions (Hong Kong, Corée, Philippines, Singapour, Malaisie, etc.), ce terme ne fait pas toujours référence aux mêmes conflits.

En République populaire de Chine, cette guerre est également connue sous le nom des Huit années de résistance. C'est-à-dire des huit années entre l'Incident du pont Marco Polo le juillet 1937 et la fin de la guerre, le 15 août 1945. D'autres régions préfèrent l'expression. Quatorze années de résistance faisant remonter le début de la guerre au 18 septembre 1931 (incident du 18-Septembre).

Côté japonais

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Troupes japonaises débarquant durant la bataille de Shanghai.

Au tout début du conflit, en juin 1937, la guerre sino-japonaise fut baptisée sous le nom incident de la Chine septentrionale, terme désignant aujourd'hui l'incident du pont Marco Polo. Ce nom changea un mois après en Incident bien que la presse utilisa également parfois le terme Incident sino-japonais Afin d’éviter des sanctions de la part des nations occidentales, le gouvernement préférait éviter officiellement l'emploi du mot guerre.

Plus tard, la propagande impériale fit du conflit une Guerre sainte, qui devait être la première étape de la politique de conquête reflétée par le slogan Hakkō ichiu, signifiant ironiquement fraternité universelle, mais pris dans son sens plus littéral réunir les huit coins du monde sous un même toit). Élaboré au XIXe siècle comme un principe devant permettre la promotion de la civilisation et de la culture sous la bannière de l'empereur, ce concept devint durant l'ère Shôwa une justification pour promouvoir la supériorité de la race japonaise et son droit à conquérir l'Asie.

Après l'attaque sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941, la guerre fut officiellement déclarée à la Chine et l'ensemble du conflit prit le nom de Guerre de la Grande Asie orientale qui désigne les campagnes du Pacifique et d'Asie du Sud-Est, fusionnant ainsi la Seconde Guerre sino-japonaise avec la Seconde Guerre mondiale.

De nos jours, le terme officiel reste Shina jihen, toujours utilisé par le ministère de la Défense, le ministère de la Santé, du Travail et du Bien public, ou encore dans les annales historiques, ou dans les monuments aux morts. Cependant, ce terme reste sujet à polémique et fait l'objet de vives critiques. Ainsi :

Le mot jihen, bien que souvent traduit par incident, peut couvrir des notions aussi fortes que celles de calamité, désastre, émeute ou encore déclaration de guerre. Cependant, il s'agit d'un terme assez vague, choisi à l'époque pour éviter de parler de guerre, ce qui aurait pu à l'époque conduire à des réactions de la part de plusieurs pays. Ainsi, les États-Unis, en vertu des Neutrality Acts (ensemble de lois votées entre 1935 et 1939), auraient pu suspendre leurs exportations d'acier au Japon si le conflit avait officiellement pris l'appellation de guerre. Le terme jihen fait donc l'objet de critiques et est souvent remplacé par le mot sensō (guerre) ; le terme Shina japonisation d'un terme sanskrit désignant la Chine, bien que neutre à l'époque du conflit, fut de plus en plus perçu par les Chinois comme un terme péjoratif, voire raciste. Dès 1946, la Chine demanda à ce que le Japon cesse d'utiliser ce mot qui était devenu intimement lié aux invasions japonaises et aux crimes de guerre qui y furent commis. La signification du caractère shi branche bien que choisi uniquement pour la phonétique, y compris par les Chinois eux-mêmes est également perçu comme une insulte supplémentaire (image des Chinois, branche mineure, serviles des Japonais qui forment le tronc). L'usage du terme Shina est aujourd'hui considéré au Japon au mieux comme archaïque ou poétique, au pire comme politiquement incorrect. À quelques exceptions près, son écriture en kanji est vivement critiquée, et on lui préfère la forme en katakana.

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Troupes japonaises durant la bataille de Shanghai.

Pour ces raisons, les Japonais et la presse japonaise utilisent de plus en plus l'expression Guerre sino-japonaise, Nicchū sensō), considérée comme plus neutre, pour parler de la Seconde Guerre sino-japonaise. Ne considérant pas qu'il y ait de forts liens de cause-conséquence entre les deux guerres sino-japonaises, il n'existe en japonais qu'une seule guerre sino-japonaise, la première étant connue en japonais sous le nom de guerre mandchou-japonaise.

La plupart des historiens placent le début de cette guerre à l’incident du pont Marco Polo ou bataille du pont Lugou le 7 juillet 1937. Cependant, d'autres historiens la font commencer à l’incident de Mukden du 18 septembre 1931 quand la Kantogun envahit le nord de la Chine et y créa l'Etat fantoche du Mandchoukouo en février 1932, donnant le coup d'envoi à l'expansionnisme du Japon.

De nouveaux heurts entre troupes chinoises et japonaises eurent lieu en 1932 à Shanghai, entraînant la démilitarisation de la région. En janvier 1933, les troupes du Japon et du Mandchoukouo affrontèrent l'armée chinoise à l'est de la Grande muraille. En avril 1933, des troupes du Japon, du Mandchoukouo et une armée de mercenaires chinois envahirent la province du Chahar en Mongolie-Intérieure. En 1935, le gouvernement du Hebei déclara son autonomie et entama une politique de coopération avec le Japon, en violation des traités existants, et entraînant une annexion de fait de la région. En 1936, les Japonais tentèrent de poursuivre leur avance en Mongolie-Intérieure en s'appuyant sur les autonomistes mongols du prince Demchugdongrub, mais les troupes des mongols et des collaborateurs chinois furent battues par l'armée chinoise en octobre-novembre 1936.

Les intentions belliqueuses du Japon ne faisaient aucun doute : Tchang Kaï-chek ne souhaitait cependant pas encore engager de confrontation directe et massive avec les Japonais, jugeant que ses troupes n'étaient pas prêtes, et privilégiait la lutte contre les communistes chinois. Zhang Xueliang finit par séquestrer Tchang Kaï-chek pour l'obliger à réaliser une alliance avec les communistes : ce fut l'accord de Xi'an, qui fut conclu à la fin décembre 1936 et scella la naissance de deuxième front uni, amenant l'intégration des forces armées communistes aux troupes régulières chinoises.

Déclenchement du conflit et défaites chinoises

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Charge de soldats chinois lors de la bataille de Taierzhuang en mars 1938.

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Le Pont Marco Polo ou Pont de Lugou

Le 7 juillet 1937, l'incident du pont Marco Polo fournit au Japon le prétexte pour ouvrir les hostilités et, le 28 juillet, la guerre fut officiellement déclarée. Les villes de Pékin et Tianji furent prises début août. En août 1937, l'empereur Shōwa autorisa la suspension des conventions internationales sur la protection des prisonniers de guerre. Cette décision permit aux forces impériales de progresser sans avoir à se soucier de mettre en place des mesures pour prendre en charge les prisonniers ou les civils des territoires conquis.

Malgré quelques succès comme la bataille de Pingxingguan (remportée en septembre 1937 par les communistes) et la bataille de Taierzhuang (remportée en avril 1938 par les nationalistes), les forces chinoises unifiées subirent une série de désastres. Elles furent défaites à Taiyuan et ne parvinrent pas à empêcher les japonais de conquérir la partie Nord du Shanxi. En novembre, les Japonais occupèrent Shanghaï après une campagne intensive de bombardements ayant entraîné la mort de milliers de civils et trois mois de combats intenses. La bataille ayant duré plus longtemps que prévu, le Japon décida de prendre Nankin, la capitale de la République, où 200 000 soldats impériaux écrasèrent les troupes chinoises déjà durement ébranlées par les combats à Shanghai.

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Soldats japonais progressant au nord de Shanghai

Les estimations quant au nombre de Chinois tués dans le massacre de Nankin varient généralement entre 65 000 et 350 000, selon que sont considérés uniquement les habitants de la ville ou des environs immédiats qui s'y étaient réfugiés. Le gouvernement chinois a pour sa part adopté le nombre de 300 000, qui figure sur le mausolée commémoratif du massacre. Au fur et à mesure de la conquête des territoires, les Japonais créèrent des gouvernements collaborateurs chinois chargés de les administrer.

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Des soldats de l'Armée impériale japonaise pénètrent dans la ville de Nankin en janvier 1938, quelques jours après la fin du massacre

Premières implications des puissances étrangères

La plupart des analystes militaires prévoyaient que les Chinois ne pourraient pas continuer le combat alors que la plus grande partie des usines de matériels militaires était située dans les zones sous ou près du contrôle japonais. Les puissances étrangères hésitaient à fournir un soutien très important - à moins d’avoir des raisons stratégiques – car elles estimaient que les Chinois allaient perdre la guerre. Elles craignaient qu'une aide trop explicite ne nuise à leurs relations avec les Japonais.

L’Allemagne nazie, jusqu’en 1938, et l’Union soviétique jusqu'en 1941, fournirent un important support technique aux forces chinoises. L’Union soviétique souhaitait, par cette aide, empêcher le Japon d’envahir la Sibérie comme lors de la bataille de Halhin Gol, afin d'éviter une guerre sur deux fronts. De plus, elle espérait que tout conflit entre le Kuomintang et les Japonais aiderait le parti communiste.

Afin d’appuyer la politique anti-communiste de Tchang Kaï-chek, l’Allemagne fournit, jusqu’en 1938, une grande partie des importations d’armes. Les conseillers allemands modernisèrent l’équipement et entraînèrent l’armée nationaliste. Les officiers, y compris le deuxième fils de Tchang, reçurent une éducation et servirent dans l’armée allemande avant le conflit mondial. La coopération cessa avec l'alliance entre l'Allemagne et le Japon, et le régime nazi reconnut ensuite le gouvernement collaborateur chinois de Wang Jingwei comme seul gouvernement légitime du pays.

L'Union Soviétique, fournit à partir de 1937, et à la suite de l'alliance entre Nationalistes et Communistes, des contingents militaires officieux, présentés comme des troupes de volontaires, essentiellement aéroportées. Les troupes soviétiques comptaient environ 450 pilotes et techniciens, qui apportèrent une contribution aux combats et à la construction d'avions. Gueorgui Joukov assista à la bataille de Taierzhuang. En 1939, l'Armée soviétique intervint officiellement pour repousser l'incursion japonaise en Mongolie. À partir de 1941, l'URSS et le Japon ayant signé un pacte de non-agression, l'aide soviétique fut retirée. L'URSS n'intervint plus en Chine avant l'invasion de Manchourie en 1945.

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L'empereur Shōwa chevauchant l'étalon Sirayuki lors d'une inspection militaire en août 1938

Le Royaume-Uni préféra l’aide économique. La Banque d’Angleterre apporta l’expertise et le soutien financier nécessaires à l’introduction par l’état chinois d’une monnaie fiduciaire digne de confiance. En échange, les Britanniques devinrent détenteurs des réserves chinoises d’argent-métal. Ils conservaient une partie de ces réserves sous bonne garde dans l’enclave de Tientsin qu'ils durent évacuer sous la pression japonaise fin 1940, mais en emportant secrètement l'argent.

Le militaire américain Claire Lee Chennault, devenu peu avant le début du conflit conseiller de l'armée chinoise pour les questions d'aviation, travailla à partir de 1938 pour bâtir une escadrille internationale de pilote. A partir de 1940, le gouvernement des États-Unis, toujours officiellement neutre, lui fournit de l'aide via le programme Lend-Lease : Chennault forma en 1941 le corps de volontaires américains connu sous le nom de Tigres volants, qui constitua le premier engagement militaire officieux des États-Unis dans le conflit sino-japonais.

Enlisement du conflit

Les Japonais n’avaient ni l’intention ni la capacité d’administrer directement la partie de la Chine qu’ils occupaient. Leur but était de

mettre en place des gouvernements locaux favorables aux intérêts japonais. Cependant, la brutalité de leurs méthodes les rendirent très impopulaires et les empêcha administrations pro-japonais d'apparaître comme autre chose que des instruments de propagande. Après leurs succès initiaux, et bien que leur domination militaire ne soit pas remise en question, les Japonais ne parvinrent pas comme ils l'espéraient à mettre un terme au conflit, échouant à anéantir les places-fortes nationalistes malgré des offensives répétées. En 1938, la bataille de Wuhan dura quatre mois, les Japonais échouant finalement dans leur objectif d'anéantissement du gros des troupes chinoises. Pour stopper l'avance japonaise, les nationalistes détruisirent les digues du fleuve jaune, provoquant une crue qui causa plusieurs centaines de milliers de morts civils. Les Japonais durent, dans les années suivantes, compter avec les actions de résistance de la part des nationalistes et avec celles, plus modestes, des communistes. Chocs de forces conventionnelles et actions de guérilla se succédèrent tandis que le conflit s'éternisait.

En mars 1940, afin de renforcer l'efficacité de l'administration chinoise pro-japonaise, les Japonais créèrent un gouvernement central chinois en fusionnant les différents gouvernements collaborateurs régionaux. Wang Jingwei, ancien chef du Kuomintang et ancien premier ministre, en prit la tête en se présentant comme le seul dirigeant légitime de la République de Chine.

Mais, malgré de nouvelles offensives japonaises, la résistance chinoise continuait. En août 1940, les troupes communistes surprirent les Japonais par une offensive de grande ampleur dans le nord de la Chine, qui se traduisit par des combats jusqu'à la fin de l'année. Mais cette victoire chinoise n'aboutit qu'à renforcer la répression exercée par les Japonais, et les communistes préférèrent en revenir ensuite aux actions de guérilla.

Le gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek avait installé sa capitale à Chongqing, qui fit l'objet de bombardements intensifs de la part des Japonais. Malgré son alliance avec le Parti communiste, Tchang cherchait à préserver son armée et à éviter une grande bataille avec les Japonais, dans l’espoir de battre les communistes une fois les Japonais partis. De plus, Tchang ne pouvait pas encore risquer une guerre totale contre des armées japonaises bien entraînées, équipées et organisées. De son côté, Mao Zedong privilégiait les actions de guérilla, dans l'objectif d'épargner et de consolider ses troupes et de remporter à moyen terme la victoire finale contre les nationalistes. La coopération entre troupes nationalistes et communistes fut difficile, et en 1941 la Nouvelle Quatrième armée et les troupes nationalistes s'affrontèrent ouvertement, mettant à mal le deuxième front uni. Les communistes et les nationalistes, théoriquement alliés, passèrent l'essentiel du conflit à mener leurs propres opérations militaires en parallèle. Après la chute du Shanxi, la guérilla communiste demeura active dans le nord-est, alors que les nationalistes concentraient leurs activités dans le sud-ouest.

Entrée dans la Guerre mondiale

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Tchang Kai-chek, Song Meiling et Joseph Stilwell.

Les États-Unis fournirent 1,6 milliards de dollars de matériel dans le cadre du Lend-Lease signé en mars 1941 (4e rang des nations aidées par ce programme). A la fin 1941, après l'attaque sur Pearl Harbor, la République de Chine fut admise parmi les Alliés, intensifiant l'aide étrangère. A partir du printemps 1942, l'United States Army Air Forces s'engagea officiellement, remplaçant les Tigres Volants et installant ses bases en Chine, tandis que les troupes chinoises intervenaient aux côtés des Américains dans la campagne de Birmanie, sous les noms de code Force X et Force Y. Le lieutenant-général Joseph Stilwell devint chef d'état-major de Tchang Kaï-chek, mais leur inimitié rendit leur collaboration difficile. L'US Air Force utilisa plusieurs bases en Chine, d'où elle lança des attaques contre les Japonais dans toute la région.

À la fin 1941, le général japonais Yasūji Okamūra obtint du quartier-général impérial l’autorisation de mettre en action la Politique des Trois Tout tue tout, brûle tout, pille tout, une stratégie de la terre brûlée conçue à l'origine comme une opération de représailles à l'offensive des cent régiments menée par le Parti communiste chinois. Cette politique, selon l’historien Mitsuyoshi Himeta, entraîna la mort d’environ 2,7 millions de civils chinois. La campagne systématique de bombardement contre la capitale nationaliste Chongqing prit également de l’ampleur, en faisant la ville la plus bombardée de toute la seconde guerre et entraînant la mort de dizaines de milliers de civils.

En 1944, la situation japonaise se détériorait rapidement : afin de reprendre l'avantage, leurs troupes lancèrent l’opération Ichi-Go pour prendre les bases aériennes chinoises et américaines qui les menaçaient, ce qui leur permit d'occuper les provinces de Hunan, Henan, et Guangxi. Malgré les gains territoriaux, l'opération échoua à stopper les raids aériens américains qui se firent progressivement à partir d'aérodromes localisés sur le front Pacifique.

Défaite japonaise

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Reddition de troupes japonaises.

En 1945, sous l'impulsion du lieutenant-général Albert Coady Wedemeyer, l'armée chinoise parvint à reprendre l'initiative. En avril, les Japonais exécutèrent une nouvelle offensive contre les Chinois et les Américains, mais furent repoussés en juin dans le Hunan. L'armée chinoise exploita son avantage en déclenchant le 4 août une contre-offensive dans le Guangxi. Le 8 août, conformément à ses engagements pris lors des accords de Yalta, l'Union soviétique déclara officiellement la guerre au Japon. Les Soviétiques purent facilement envahir la Mandchourie et la Mongolie-Intérieure le 9, anéantissant l'Armée du Guandong, alors même que les troupes chinoises remportaient la victoire dans le Guangxi tout en enfonçant les lignes japonaises dans plusieurs autres provinces et que les États-Unis exécutaient leur second bombardement nucléaire sur Nagasaki.

Hirohito annonça la capitulation du Japon devant les Alliés le 15 août 1945. Le 2 septembre, la République de Chine figura parmi les signataires des actes de capitulation du Japon. Le 9 septembre, au cours d'une cérémonie à Nankin, Yasūji Okamūra, chef des forces armées japonaises en Chine, remit officiellement au général He Yingqin, ministre chinois de la guerre, l'acte de reddition de ses troupes.

Suivant les dispositions de la conférence du Caire de 1943, l’ex-Mandchoukouo, Taïwan et les îles Pescadores revinrent à la Chine. Cependant, les îles Ryūkyū ne redevinrent pas indépendantes.

Armes chimiques et bactériologiques

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Shiro Ishii, le maître d’œuvre des unités de recherche bactériologiques

Dès juillet 1937, l'empereur Shōwa autorisa l'utilisation de gaz toxiques contre les soldats et civils chinois. Chaque utilisation faisait l'objet d'une directive spécifique (rinsanmei), transmise par le biais du chef d'état-major de l'Armée, en l'occurrence le prince Kotohito Kan'in. À compter d'octobre 1937, ces autorisations furent accordées par le Quartier-général impérial, sous la direction de l'empereur. Les armes chimiques furent notamment autorisées à 375 reprises à l'automne 1938 lors de l'invasion de Wuhan, puis en 1939 à Guangzhou et en 1943 lors de la bataille de Changde.

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Corps médical chinois soignant les blessés après une attaque au gaz durant la bataille de Shanghai.

Lors du procès tenu par les Soviétiques à Khabarovsk en 1949, des accusés comme le major général Kiyashi Kawashima déclarèrent qu'au moins 40 membres de l'unité 731 avaient participé en 1941 et 1942 à des opérations par lesquelles des puces contaminées par la peste avaient été larguées au-dessus de la région de Changde, y causant des épidémies.

Évaluation des victimes

Le conflit dura 97 mois et 3 jours (de 1937 à 1945). Le Kuomintang se battit dans 22 combats majeurs au moins cent mille hommes de part et d’autre, et plus de quarante mille moins importants, tandis que le Parti communiste privilégiait, à quelques exceptions près, les opérations de guérilla. Les Japonais comptabilisèrent un million et cent mille victimes y compris les blessés graves et les disparus.

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Enfant chinois pleurant dans les décombres de Shanghai après le bombardement de la ville par le service de l'aviation shôwa le 28 août 1937.

Les Chinois eurent beaucoup plus de pertes, avec trois millions deux cent vingt mille soldats et au moins neuf millions de civils sans compter les destructions. Sur les centaines de milliers de soldats chinois faits prisonniers par l’armée Shōwa au cours de la guerre, seulement 68 furent relâchés vivants en 1945. Quant aux civils, les travaux publiés en 2002 par un comité conjoints d'historiens réunissant Mitsuyoshi Himeta, Zhifen Ju, Toru Kubo et Mark Peattie démontrent que plus de 10 millions d’entre eux furent enrôlés de force par la Kōa-in (Agence impériale de développement de l'Asie orientale) pour des travaux dans les mines et les usines du Mandchoukouo.

Conséquences

Malgré la défaite des Japonais, le conflit contribua à affaiblir le gouvernement nationaliste de la République de Chine, dont les troupes avaient été durement éprouvées par les combats, l'économie du pays étant par ailleurs. Les communistes avaient de surcroît, par leurs actions de guérilla contre les Japonais, gagné le contrôle de nombreuses zones rurales en s'assurant le soutien des habitants. La prise de contrôle de la Mandchourie par l'Union soviétique avait également permis aux communistes chinois d'affermir leurs bases dans la région, les nationalistes n'y ayant pas de troupes. Dès août 1945, les États-Unis tentèrent d'éviter un nouvel embrasement en Chine en organisant des pourparlers à Chongqing, auxquels Tchang Kaï-chek et Mao Zedong assistèrent. Les heurts violents entre nationalistes et communistes recommencèrent cependant avant même la fin des tractations, la guerre ouverte éclatant à nouveau en 1946. Le gouvernement de Tchang Kaï-chek vit dans les années suivantes le contrôle du pays lui échapper, avec pour conséquence la proclamation en octobre 1949 de la République populaire de Chine, suivie en décembre de la retraite des nationalistes sur l'île de Taïwan.

L'invasion soviétique de la Mandchourie, de la Mongolie-extérieure et de la Corée eut également pour conséquence de livrer le nord de la Corée aux communistes coréens, aboutissant à la création du régime nord-coréen et à la guerre de Corée, à laquelle participa la Chine communiste.

Postérité en Chine

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Mausolée de la guerre antijaponaise en République populaire de Chine, sur les lieux de l'incident du pont Marco Polo.

Durant plusieurs décennies, la seconde guerre sino-japonaise a fait l'objet de traitements diamétralement opposés dans les historiographies respectives des deux Chines. Si l'historiographie de Taïwan ne mettait l'accent que sur les actions militaires du Kuomintang, en réduisant celles des communistes à la portion congrue, l'enseignement en République populaire de Chine tendait à ne mentionner que les faits d'armes et la guérilla des communistes, passant sous silence l'importance des nationalistes. Dans le cadre de ses efforts pour se rapprocher de Taïwan, la Chine communiste honore désormais également la participation des nationalistes au conflit contre les Japonais.


25/10/2013
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CRIMES DE GUERRE 1e PARTIE

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Civils chinois enterrés vivants.

Les crimes de guerre du Japon Shōwa désignent les crimes de guerre qui ont été commis par les Japonais au cours de la période de l’impérialisme japonais, à partir de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1945, principalement durant la première partie de l'ère Shōwa. D’autres termes, tels que l’Holocauste asiatique ou les Atrocités de guerre japonaises, sont également utilisés pour désigner cette période.

Les historiens et les gouvernements de nombreux pays ont considéré officiellement les militaires de l’Empire du Japon, à savoir l’Armée impériale japonaise et la Marine impériale japonaise, comme les responsables des tueries et autres crimes commis à l’encontre de plusieurs millions de civils ou de prisonniers de guerre (PG) au cours de la première moitié du XXe siècle.

Définition

Au sens large, les crimes de guerre peuvent être définis comme un comportement dénué de scrupules dont un gouvernement ou des militaires font preuve à l'égard de civils ou de combattants d’un pays ennemi. Des militaires appartenant à l’Empire japonais ont été accusés ou convaincus d’avoir perpétré de tels actes au cours de la période de l’impérialisme japonais qui s’étend de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle. Ils ont été accusés d’avoir commis une série de violations des droits de l’homme à l’encontre de civils ou de prisonniers de guerre (PG) en Extrême-Orient et dans l’Ouest du Pacifique. Ces événements ont atteint leur paroxysme au cours de la seconde guerre sino-japonaise de 1937-1945 et des campagnes asiatiques et du Pacifique de la Guerre de la Grande Asie orientale (1941-45).

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A Xuzhou, en Chine, 1938. Un fossé plein de corps de civils chinois tués par des soldats japonais.

Droit international et japonais

Bien que l’empire japonais n’ait pas signé les Conventions de Genève, qui sont depuis 1864 à la base des définitions communément admises des crimes de guerres, les crimes perpétrés tombent sous d’autres aspects du droit international et du droit japonais. Par exemple, de nombreux crimes commis par des Japonais étaient en contravention avec le code militaire japonais et ne furent pas portés devant des cours martiales comme le requiert ce code. L’empire viola également des accords internationaux signés par le Japon, en ce compris le traité de Versailles, tels que le bannissement de l’utilisation d’armes chimiques, et les Conventions de la Haye (1899 et 1907) sur la protection des prisonniers de guerre (PG). Le gouvernement japonais signa également le Pacte Briand-Kellog (1929), rendant ainsi ses actions susceptibles d’être poursuivies en tant que crimes contre la paix, une prévention qui avait été établie au cours des procès de Tokyo en vue de poursuivre les criminels de guerre de Classe A. Les criminels de guerre de "Classe B" étaient ceux qui furent convaincus de crimes de guerre dans leur acception habituelle, et ceux de Classe C étaient ceux qui étaient coupables de crimes contre l’humanité. Le gouvernement japonais avait également accepté les termes de la Déclaration de Potsdam (1945) après la fin de la guerre. Cette déclaration mentionnait à son article 10 deux types de crimes de guerre : l’un était la violation du droit international, tel que les mauvais traitements des prisonniers de guerre; l’autre était le fait de faire opposition "aux tendances démocratiques au sein du peuple japonais" et aux libertés civiles au Japon.

Au Japon, le terme crimes de guerre japonais ne vise généralement que les cas dont a eu à connaître le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient, également connu sous le nom de procès de Tokyo qui ont suivi la fin de la guerre du Pacifique. Toutefois, le tribunal ne poursuivit pas les accusations de crimes de guerre imputées à des officiers de second rang ou à des militaires moins expérimentés. Ceux-ci furent traités séparément dans d’autres villes réparties dans la région Asie-Pacifique.

La loi japonaise ne définit pas les personnes condamnées dans les procès d’après-guerre comme des criminels en dépit du fait que les gouvernements japonais ont accepté les arrêts rendus au terme de ces procès ainsi que les conséquences du traité de San Francisco (1952). Ceci est imputable au fait que le traité ne fait pas état de la légalité du tribunal. Si le Japon avait accepté par le traité de San Francisco les arrêts des tribunaux ayant eu à connaître des crimes de guerre, ces arrêts auraient pu donner lieu à appel et être renversés par des tribunaux japonais, ce qui aurait été inacceptable pour le monde diplomatique international. De nos jours, les juristes japonais partagent sur la situation juridique du tribunal de Tokyo un consensus aux termes duquel l’exécution ou l’incarcération d’une personne suite aux procès d’après guerre est valide, mais n’a aucun rapport avec le code pénal japonais.

Époque et lieux

En dehors du Japon, des sociétés différentes utilisent des périodes de référence distinctes pour les crimes de guerre japonais. Ainsi, l’annexion de la Corée par le Japon en 1910 fut suivie par l’abolition des libertés civiles et l’exploitation du peuple coréen. Pour cette raison, certains Coréens utilisent l’expression crimes de guerre japonais pour les événements survenus directement durant la période de 1910 à 1945.

En comparaison, les Alliés de l’Ouest n’entrèrent pas en conflit avec le Japon avant 1941 de sorte que les Nord-Américains, les Australiens et les Européens peuvent considérer que les crimes de guerres japonais visent des événements qui se sont produits entre 1941 et 1945.

Les crimes de guerre japonais n’ont pas toujours été le fait des seuls Japonais. Dans chaque pays asiatique ou du Pacifique envahi ou occupé par le Japon, il s’est trouvé de petites minorités pour collaborer avec l’armée japonaise ou même y servir, pour des raisons diverses telles que des difficultés économiques, la coercition ou l’antipathie pour des puissances impérialistes concurrentes.

On a dit que les actes commis à l’encontre de peuples reconnus internationalement comme soumis à la souveraineté japonaise ne peuvent être considérés comme des crimes de guerre. La souveraineté japonaise de jure antérieure à 1945 sur des pays comme la Corée ou Formose était reconnue par des accords internationaux tels que le traité de Shimonoseki (1895) et le traité d’annexion entre le Japon et la Corée (1910). Toutefois, la légalité de ces traités est mise en question, les populations locales ne furent pas consultées, il y eut une résistance armée aux invasions et occupations japonaises et des crimes de guerre peuvent également être commis au cours de guerres civiles.

Culture militariste japonaise et impérialisme

La culture militariste, en particulier au cours de la période d’impérialisme japonais a eu une grande influence sur la conduite des militaires japonais avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.

Au cours des siècles précédents, on avait enseigné aux samouraïs de ne pas remettre en question l’obéissance dont ils étaient redevables envers leurs suzerains, ainsi que de ne pas montrer la peur au combat. Après la restauration Meiji et l’effondrement du shogunat Tokugawa, l’Empereur devint l’objet de la loyauté militaire. Au cours de l’âge dit Âge de l’Empire à la fin du XIXe siècle, le Japon, à la suite des autres puissances mondiales, se construisit un empire en poursuivant cet objectif de façon agressive.

Comme c’est le cas des autres puissances impériales, la culture japonaise évolua de plus en plus vers un nationalisme chauvin depuis la fin du XIXe siècle jusqu’au siècle suivant. L’émergence du nationalisme japonais est due en partie à l’adoption du shintoïsme comme religion d'État et à son incorporation dans l’enseignement. Le shintoïsme considérait que l’Empereur était d’essence divine parce qu’il était réputé être le descendant de la déesse du soleil Amaterasu. Ceci permettait de justifier l’exigence d’une obéissance inconditionnelle à l’empereur et à ses représentants.

La victoire obtenue par le Japon dans la première guerre sino-japonaise (1894-1895) marquait son accession au rang de puissance mondiale. À la différence des autres puissances majeures, le Japon ne signa pas la convention de Genève – qui stipule qu’il convient de réserver un traitement humain aux PGs – avant la fin de la seconde guerre mondiale. Néanmoins, le traitement des prisonniers par les militaires japonais au cours de la guerre russo-japonaise (1904-1905) ou de la Première Guerre mondiale (1914-1918) était comparable à celui que réservaient les autres armées à leurs prisonniers.

Les événements des années 1930 et 1940

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L'Empereur Hirohito chevauchant Sirayuki lors d'une inspection militaire en août 1938

A la fin des années 1930, l’émergence du militarisme au Japon créa des similitudes au moins superficielles entre la culture militaire japonaise au sens large et celle des militaires d’élite de l’Allemagne nazie, comme les Waffen-SS. Le Japon disposait également d’une police secrète militaire, dénommée Kempeitai, qui ressemblait à la Gestapo nazie pour le rôle qu’elle joua dans les pays annexés ou occupés.

Comme dans les dictatures européennes, la brutalité irrationnelle, la haine et la peur devinrent banales dans les territoires occupés par le Japon. Des erreurs perçues comme des échecs ou une dévotion insuffisante à la personne de l’empereur se voyaient sanctionnées de châtiments souvent de nature physique. Dans l’armée, les officiers agressaient et battaient les hommes sous leur commandement. Ces derniers, à leur tour, en faisaient de même sur les échelons inférieurs de la hiérarchie. Dans les camps de PGs, ceci avait pour conséquence que les prisonniers, situés tout en bas de l'échelle, étaient en butte aux plus mauvais traitements.

La sévérité du Bushido couplée à l’ethnocentrisme du Japon dans sa phase impérialiste moderne résultait souvent en des brutalités à l’égard des civils et des PGs. Après le début d’une campagne militaire à grande échelle contre la Chine en 1937, des cas de meurtres, de torture et de viols commis par des soldats japonais semblent avoir été délibérément oubliés par leurs officiers et sont généralement restés impunis. De tels comportements se sont répétés tout au long de la guerre du Pacifique.

Les crimes

En raison du grand degré de souffrance causé par l’armée japonaise au cours des années 1930 et 40, elle est souvent comparée à l’armée du troisième Reich au cours de la période 1933-1945. L’historien Chalmers Johnson a écrit que:

Etablir lequel des deux agresseurs de l’Axe, l’Allemagne ou le Japon, fut au cours de la seconde guerre mondiale le plus brutal à l’égard des peuples qu’ils martyrisèrent est dénué de sens. Les Allemands ont tué six millions de Juifs et 20 millions de Russes (c à d de citoyens soviétiques); les Japonais ont massacré pas moins de 30 millions de Philippins, Malais, Vietnamiens, Cambodgiens, Indonésiens et Birmans, dont au moins 23 millions étaient ethniquement chinois. Ces deux pays ont pillé les pays qu’ils ont conquis à une échelle monumentale, encore que le Japon a volé plus, et sur une plus longue période, que les Nazis. Les deux conquérants ont réduit en esclavage des millions de personnes et les ont exploités comme main d’œuvre forcée et, dans le cas des Japonais, comme prostituées (de force) pour les troupes du front. Si vous étiez un prisonnier de guerre Nazi aux mains du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande ou du Canada (mais pas de la Russie), vos chances de ne pas survivre à la guerre s’élevaient à 4%; en comparaison, le taux de mortalité pour les prisonniers de guerre aux mains des Japonais approchait les 30%.

Meurtres de masse

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Cadavres d'une femme et de ses enfants tués par la marine impériale japonaise lors de la bataille de Manille en février 1945

Selon R. J. Rummel, professeur de sciences politiques à l’Université de Hawaii, entre 1937 et 1945, les Japonais ont «tué entre 3 000 000 et 10 000 000 de personnes, vraisemblablement 6 000 000 de Chinois, d’Indonésiens, de Coréens, de Philippins et d’Indochinois entre autres, y compris des prisonniers de guerre occidentaux. Ce démocide était dû à une stratégie politique et militaire en faillite morale, à une opportunité et des habitudes militaires ainsi qu’à la culture militaire.Rummel soutient que, pour la seule Chine, les conséquences directes de l’invasion furent qu’entre 1937 et 1945 approximativement 3,9 millions de Chinois, essentiellement des civils, furent directement exterminés par les politiques du régime shôwa et 10,2 millions civils périrent des causes indirectes liés à l'invasion.

L’incident le plus connu de cette période est celui du massacre de Nankin survenu en 1937-38 lorsque, selon les investigations du Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient, l’armée japonaise a massacré 260 000 civils et prisonniers de guerre. Herbert Bix, citant les travaux de Mitsuyoshi Himeta et Akira Fujiwara estime que la Politique des Trois Tout tue tout, brule tout, pille tout), une stratégie de la terre brûlée utilisée par l'armée impériale japonaise en Chine entre 1942 et 1945 et approuvée par Hirohito lui-même, fut responsable de la mort de 2,7 millions de civils Chinois Parmi les crimes de guerre commis en Chine on peut citer le massacre de Chiangjiao, dans le Hunan : entre le 9 et le 12 mai 1943, plus de 30 000 civils furent massacrés par un corps expéditionnaire japonais dirigé par le général Shunroku Hata.

Expériences sur des êtres humains et guerre bactériologique

Des unités militaires japonaises spéciales ont mené des expériences sur des civils et des PGs en Chine. Une des plus tristement célèbres était l’Unité 731. Ses victimes furent l’objet de vivisections sans anesthésie, d’amputations et furent utilisées pour tester les armes biologiques entre autres expériences. Il n’était pas fait usage de moyens anesthésiants car on considérait que cela pouvait altérer les résultats des expériences. Certaines victimes se virent injecter du sang d’origine animale.

Pour mettre au point un traitement des engelures, des prisonniers étaient mis à l’extérieur dans de l’eau glacée et forcés de laisser leurs bras exposés au froid. Leurs bras étaient alors régulièrement arrosés d’eau jusqu’à ce qu’ils soient complètement gelés. Le bras était ensuite amputé. Le médecin répétait le procédé depuis le bas du bras de la victime jusqu’à son épaule. Une fois les deux bras complètement amputés, les médecins faisaient de même avec les jambes jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une tête et un torse. La victime était alors utilisée pour des expériences portant sur la peste et d’autres agents pathogènes.

Selon Global Security.org, les expériences réalisées par la seule Unité 731 sont responsables de 3 000 décès. En outre, «des dizaines de milliers, peut-être même 200 000 Chinois moururent de peste bubonique, du choléra, de l’anthrax et d’autres maladies résultant de la guerre biologique.

Un des cas les plus connus d’expérimentation sur des êtres humains survint au Japon lui-même. Au moins neuf des douze membres d’un équipage appartenant à l’U.S. Air Force survécurent au crash de leur bombardier B-29 à Kyushu le 5 mai 1945. Le pilote du bombardier fut envoyé à Tokyo en vue d’être interrogé tandis que les autres survivants étaient dépêchés au département d’anatomie de l’université de Kyushu à Fukuoka où ils furent l’objet de vivisection et/ou tués. Le 11 mars 1948, trente personnes, dont plusieurs médecins comparurent devant un tribunal allié ayant à connaître des crimes de guerre. Les charges relatives au cannibalisme furent abandonnées, mais 23 personnes furent déclarées coupables de vivisection et d’amputations non justifiées. Cinq d’entre elles furent condamnées à mort, cinq autres à la prison à perpétuité, et les autres à des peines d’emprisonnement de plus courte durée. En 1950, le gouverneur militaire du Japon, le général Douglas MacArthur, commua toutes les peines de mort et réduisit significativement la plupart des peines de prison. Tous ceux qui avaient été convaincus de vivisection dans le cadre de l’université étaient libres en 1958.

En 2006, l’ancien officier médecin de la Marine impériale japonaise, Akira Makino déclara qu’on lui avait donné l’ordre comme partie de son entraînement de pratiquer des vivisections sur environ 30 prisonniers civils aux Philippines entre décembre 1944 et février 1945. La chirurgie qu’il eut à pratiquer incluait des amputations et les victimes comprenaient des femmes et des enfants.

Utilisation d’armes chimiques

Selon les historiens Yoshiaki Yoshimi, Kentaro Awaya, Seiya Matsuno et Yuki Tanaka, l’empereur Shōwa autorisa par des ordres spécifiques (rinsanmei) l’utilisation d’armes chimiques en Chine. Par exemple, au cours de l’invasion de Wuhan d’août à octobre 1938, l’empereur autorisa l’utilisation de gaz toxiques à 375 reprises nonobstant l’article 171 du traité de Versailles, l'article V du Traité relatif à l'emploi des sous-marins et des gaz asphyxiants en temps de guerre et une résolution adoptée par la Société des Nations le 14 mai condamnant l’utilisation de gaz toxiques par le Japon.

Selon des documents retrouvés en 2004 par Yoshimi et Yuki Tanaka dans les archives nationales australiennes, des gaz toxiques furent testés sur des prisonniers australiens et néerlandais en novembre 1944 aux îles Kai.

Famines évitables

Les décès causés par le détournement des ressources disponibles au profit des militaires japonais dans les pays occupés sont également considérés comme des crimes de guerre par de nombreuses personnes. Dans l’Asie du Sud particulièrement au Vietnam et dans l’Est des Indes néerlandaises (Indonésie), qui comptaient au nombre des grands producteurs de riz – des millions de civils périrent en raison d’une famine évitable en 1944-1945 (voir par exemple l’article sur la Famine de 1945 au Viêt Nam).

Tortures de prisonniers de guerre

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Exécution du sergent Leonard G. Siffleet à Aitape en Nouvelle-Guinée le 24 octobre 1943

On rapporte également que les forces armées impériales japonaises ont largement utilisé la torture contre leurs prisonniers, habituellement pour obtenir rapidement des informations relevant de l'intelligence militaire. Les prisonniers torturés étaient souvent exécutés par la suite. Un ancien officier de l’armée japonaise qui servit en Chine, Uno Sintaro, a déclaré :

L’un des moyens essentiels d’obtenir des informations était l’interrogatoire des prisonniers. La torture était une nécessité inévitable.

Tuer les victimes et les enterrer en est une suite naturelle. Vous le faites parce que vous ne souhaitez pas que cela soit découvert. J’ai cru et j’ai agi de cette façon parce que j’étais convaincu de ce que je faisais. Nous faisions notre devoir comme on nous l’avait inculqué. Nous l’avons fait pour le salut de notre pays. En raison de nos obligations filiales vis-à-vis de nos ancêtres. Sur le champ de bataille, nous n’avons jamais considéré que les Chinois fussent des êtres humains. Lorsque vous êtes le vainqueur, les perdants semblent vraiment misérables. Nous avons conclu que l’ethnie Yamato (càd japonaise) était supérieure.

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Hong Sa Ik assis lors de son procès

Après la guerre, 148 Japonais furent convaincus de crimes de guerre par les tribunaux alliés. Le plus élevé en grade était le lieutenant-général Hong Sa Ik qui fut responsable de l’organisation des camps de prisonniers en Asie du Sud-Est.

Cannibalismes

De nombreux rapports écrits et témoignages rassemblés par la section australienne pour les crimes de guerre du tribunal de Tokyo, examinés par le procureur William Webb (futur juge en chef), montrent que des Japonais ont commis dans plusieurs parties de l’Asie ou du Pacifique des actes de cannibalisme contre des prisonniers de guerre alliés ou des populations civiles. Dans certains cas, ces actes furent le résultat de l’accroissement des attaques alliées sur les lignes de ravitaillement japonaises et des décès et des maladies frappant les soldats japonais en raison de la famine qui s’ensuivit. Toutefois, selon l’historien Yuki Tanaka, le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des compagnies entières agissant sous le commandement d’officiers.

Ces actions étaient fréquemment liées au meurtre. Par exemple, un prisonnier de guerre indien, le Havildar Changdi Ram témoigna que le 12 novembre 1944 le Kempeitai décapita un pilote allié.

Je vis la scène de derrière un arbre et observai certains des Japonais découper la chair de ses bras, de ses jambes, de ses hanches et de ses fesses et la ramener à leurs quartiers. Ils la coupèrent en petits morceaux et la firent frire.

Dans certains cas, la chair était prélevée sur des personnes en vie : un autre PG indien, le Lance Naik Hatam Ali (qui devait plus tard devenir citoyen pakistanais) témoigna qu’en Nouvelle-Guinée :

Les Japonais commencèrent à sélectionner les prisonniers et chaque jour un prisonnier était tué et mangé par les soldats. J’ai vu cela personnellement et près de 100 prisonniers furent tués et mangés par les soldats à cet endroit. Ceux d’entre nous qui restaient furent emmenés à un autre endroit situé à 80 km où dix prisonniers moururent de maladie. À cet endroit, les Japonais recommencèrent à sélectionner des prisonniers en vue de les manger. Ceux qui étaient sélectionnés étaient amenés dans une hutte où leur chair était prélevée sur leurs corps alors qu’ils étaient encore en vie. Ils étaient ensuite jetés dans un fossé où ils finissaient par mourir.

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Le lieutenant Général Yoshio Tachibana de l'Armée impériale japonaise se prépare à signé les documents de la reddition de son armée d'occupation.

L'un des officiers connus le plus élevé en grade à avoir été convaincu de cannibalisme fut le Lt. Général Yoshio Tachibana  qui, avec onze autres soldats japonais fut jugé pour l’exécution d’aviateurs de l’U.S. Navy et le cannibalisme perpétré sur au moins un d’entre eux en août 1944 sur l’île de Chichi Jima dans les îles Bonin. Ils furent décapités sur les ordres de Tachibana. Comme les lois militaires et internationales ne contenaient pas de dispositions spécifiques au cannibalisme, ils furent jugés pour meurtre et refus d'une sépulture honorable. Tachibana fut condamné à mort.

Travail forcé

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Prisonniers australiens et hollandais au camp de Tarsau en Thaïlande en 1943.

Le travail forcé imposé par les forces armées japonaises à des civils asiatiques et des prisonniers de guerre fut aussi la cause d’un grand nombre de morts. Selon une étude conjointe de plusieurs historiens dont Zhifen Ju, Mitsuyoshi Himeta, Toru Kibo et Mark Peattie, plus de dix millions de civils chinois furent mobilisés par la Kôa-in (agence de développement de l’Asie orientale) pour le travail forcé. Plus de 100 000 civils et PG moururent au cours de la construction du chemin de fer Birmanie-Siam.

La bibliothèque du Congrès estime qu’à Java, entre quatre et dix millions de romusha (en japonais, travailleurs manuels) furent forcés à travailler par les militaires japonais. Près de 270 000 de ces travailleurs javanais furent envoyés vers d’autres régions du Sud-est asiatique tenues par les Japonais. Seuls 52 000 furent finalement rapatriés à Java, ce qui laisse entendre que le taux de mortalité fut de 80 %.

Selon l’historien Akira Fujiwara, l’empereur Hirohito ratifia personnellement la décision de ne plus tenir compte des contraintes du droit international (conventions de La Haye) pour le traitement des prisonniers de guerre chinois dans une directive du 5 août 1937. Le même document précisait également aux officiers d’état-major qu’il n’y avait plus lieu d’utiliser le terme prisonnier de guerre.

D'autre part, la convention de Genève exemptait les PG ayant grade de sergent ou plus de travail manuel et stipulait que les prisonniers soumis à un travail devaient recevoir des rations supplémentaires ainsi que d’autres denrées de première nécessité. Mais à l’époque, le Japon n’était pas signataire de la Convention de Genève et les forces japonaises ne l’appliquèrent pas.

Femmes de réconfort

Le terme femme de réconfort ou femme de réconfort militaire était un euphémisme désignant les prostituées dans les bordels militaires japonais établis dans les pays occupés, donnant par la suite lieu à des accusations d’esclavage sexuel. Le nombre de femmes qui devinrent femmes de confort par la contrainte est sujet à discussion. Certaines sources prétendent que virtuellement toutes les femmes de confort avaient consenti à devenir prostituées et/ou étaient payées, mais d’autres ont fait état de recherches démontrant un lien entre l’armée japonaise et le recrutement forcé de femmes locales.

 En 1992, l’historien Yoshiaki Yoshimi a publié des documents basés sur ses recherches dans les archives de l’Institut national pour les études de la défense. Il affirmait qu’il existait un lien direct entre les institutions impériales telles que le Kôa-in et les établissements de réconfort. Lorsque les découvertes de Yoshimi furent publiées dans les médias japonais le 12 janvier 1993, elles firent sensation et forcèrent le gouvernement, représenté par le secrétaire du chef de cabinet, Kato Koichi, à reconnaître certains de ces faits le jour même. Le 17 janvier, au cours d’un voyage en Corée, le Premier Ministre Kiichi Miyazawa présentait des excuses formelles pour les souffrances endurées par les victimes. Les 6 juillet et 4 août, le gouvernement japonais publiait deux déclarations dans lesquelles il reconnaissait que « des établissements de réconfort furent mis en place en réponse à la demande militaire de l’époque, l’armée japonaise était, directement ou indirectement, impliquée dans la mise en place et la gestion des établissements de réconfort et le transfert des femmes de réconfort et que les femmes furent dans de nombreux cas recrutées contre leur volonté moyennant duperie ou coercition .

Il existe plusieurs théories sur la ventilation des femmes de réconfort par pays d’origine. Alors que selon certaines sources, la majorité de ces femmes seraient en fait d’origine japonaise, d’autres, dont Yoshini, font valoir que pas moins de 200 000 femmes, essentiellement d’origine coréenne ou chinoise, et en provenance d’autres pays comme les Philippines, Taiwan, la Birmanie, les Pays-Bas, l’Australie et les Indes néerlandaises, furent forcées de se livrer à la prostitution.

Les estimations sur le nombre des femmes de réconfort au cours de la guerre sont corroborées par le témoignage de celles qui ont survécu.

En mars 2007, une déclaration du Premier Ministre japonais, Shinzo Abe a relancé une polémique internationale à ce sujet. Abe avait notamment déclaré qu'il n'y avait eu aucun esclavage imposé par les forces armées japonaises et avait mis en doute l'utilité des déclarations gouvernementales de 1993. Une kyrielle d'anciennes victimes ont manifesté leur indignation suite à ces commentaires, dont la Coréenne Yong-soo.

Pillage

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Le Général Tomoyuki Yamashita (second à droite) fut responsable de la dissimulation du produit du pillage connu sous le nom de l'or de Yamashita. Il fut jugé à Manille entre le 29 octobre et le 7 décembre 1945, par une commission militaire étatsunienne sur la base d'accusations relatives au massacre de Manille et à d'autres faits antérieurs à Singapour. Il fut condamné à mort. Ce cas créa un précédent concernant la responsabilité des officiers commandants pour les crimes de guerre et est connu sous le nom de précédent Yamashita. La légitimité de ce jugement hâtif a été mise en question.

Les procès de Tokyo

Qui furent menés par les puissances alliées déclarèrent coupables de crimes de guerre de nombreuses personnes, notamment les anciens premiers ministres (jamais élus) Koki Hirota, Hideki Tōjō et Kuniaki Koiso. De nombreux chefs militaires furent également déclarés coupables. Deux personnes convaincues d’être des criminels de guerre de classe A jouèrent un rôle dans des gouvernements japonais d’après-guerre. Mamoru Shigemitsu fut ministre des affaires étrangères tant durant la guerre que dans le gouvernement Hatoyama de l’après-guerre et Okinori Kaya fut ministre des finances pendant la guerre et devint ministre des finances dans le gouvernement de Hayato Ikeda. Ils n’avaient toutefois pas de lien direct avec les crimes de guerre commis par les forces armées japonaises et aucun gouvernement étranger ne souleva d’objection lorsqu’ils entrèrent en fonction.

L'empereur Showa et tous les membres de la famille impériale impliqués dans la guerre comme le prince Yasuhito Chichibu, le prince Yasuhiko Asaka, le prince Tsuneyoshi Takeda, le prince Naruhiko Higashikuni et le prince Hiroyasu Fushimi, furent exonérés de poursuites criminelles par Douglas MacArthur. Plusieurs historiens critiquent cette décision. Selon John Dower, même les activistes japonais qui ont endossé les chartes de Nuremberg et de Tokyo, et qui ont travaillé à documenter et à publiciser les atrocités du régime shôwa, ne peuvent défendre la décision américaine d'exonérer l'empereur de sa responsabilité pour la guerre et ensuite, au sommet de la guerre froide, de libérer puis de se lier à des criminels de guerre d'extrême-droite accusés comme le futur premier ministre Nobusuke Kishi. Pour Herbert Bix, les mesures vraiment extraordinaires prises par Mac Arthur pour sauver Hirohito d'un procès comme criminel de guerre eurent un impact persistant et profondément distordant quant à la compréhension des japonais à l'égard de la guerre perdue.

Une immunité totale fut également accordée à Shiro Ishii et à tous les membres de ses unités de recherche bactériologiques par Douglas MacArthur.

Autres procès

Outre les procès de Tokyo, d’autres poursuites pour crimes de guerre furent également menées à charge de personnel japonais dans de nombreuses autres villes en Asie et dans le Pacifique entre 1945 et 1951. Environ 5 600 Japonais furent poursuivis dans plus de 2 200 procès. Les juges présidant les tribunaux venaient des États-Unis, de Chine, du Royaume-Uni, d’Australie, des Pays-Bas, de France, d’Union soviétique, de Nouvelle-Zélande, d’Inde et des Philippines. Plus de 4 400 Japonais furent déclarés coupables et environ un millier d’entre eux furent condamnés à la peine capitale. Le procès ayant concerné le plus grand nombre d’accusés fut celui concernant 93 Japonais accusés de l’exécution sommaire de plus de 300 PG alliés dans le massacre de Laha consécutif à la bataille d’Ambon.

Excuses officielles

Le gouvernement japonais considère qu’il convient d’opérer une distinction entre le point de vue juridique et le point de vue moral. Par conséquent, tout en soutenant que le Japon n’a pas violé le droit international ni aucun traité, les gouvernements japonais ont officiellement reconnu les souffrances causées par l’armée japonaise et de nombreuses excuses ont été présentées par le gouvernement japonais. Par exemple, le premier ministre Tomiichi Murayama a déclaré en août 1995 que le Japon « par sa domination et son agression coloniale, a provoqué de terribles dommages et souffrance pour les peuples de nombreux pays, en particulier pour ceux de nations asiatiques », et il a exprimé son « sentiment de profond remords et présenté ses sincères excuses. De même, le 29 septembre 1972, le premier ministre japonais Kakuei Tanaka avait déclaré que la patrie japonaise est intensément consciente du grave dommage que le Japon a causé par le passé au peuple chinois par la guerre et se le reproche vivement ».

Toutefois, les excuses officielles sont souvent considérées comme insuffisantes par de nombreux survivants de ces crimes et/ou par les familles des victimes décédées. La question des excuses officielles est controversée car de nombreuses personnes affligées par les crimes de guerre japonais soutiennent qu’aucune excuse n’a été présentée pour des actes précis et/ou que le gouvernement japonais s’est borné à exprimer des regrets ou du remords. Certains prétendent que dans certains pays les médias travestissent ou cachent les efforts de réconciliation consentis par le Japon, malgré les aides généreuses du Japon, particulièrement dans les pays où les médias sont sous contrôle étatique qu’il soit formel ou seulement factuel. On prétend en outre que ceci reflète un sentiment anti-japonais.

Au Japon, certains ont affirmé que ce qui est demandé est que le premier ministre japonais et/ou l’empereur se livre à la dogeza, au cours de laquelle une personne s’agenouille et incline sa tête vers le sol – une façon très formelle de présenter ses excuses dans les sociétés est-asiatiques à laquelle le Japon ne semble pas vouloir se prêter. Certains citent l’exemple du chancelier Willy Brandt, qui s’agenouilla devant le monument aux victimes du Ghetto de Varsovie en 1970, comme un exemple d’un acte d’excuse et de réconciliation fort et efficace, bien que tout le monde ne soit pas d’accord.

Citant l’acte de Brandt en exemple, John Borneman, professeur d’anthropologie à Cornelldéclare que une excuse représente un échange non matériel ou purement symbolique par lequel celui qui a commis la faute rabaisse son propre statut en tant que personne. Il ajoute qu’une fois que ce type d’excuse est présenté, la partie lésée doit pardonner et rechercher la réconciliation, sans quoi l’excuse n’a aucun effet. La partie lésée peut rejeter les excuses pour plusieurs raisons, l’une d’elles étant d’éviter la réconciliation parce que, en gardant vivante la mémoire de la blessure, les refus empêchent une affirmation d’humanité mutuelle en instrumentalisant le pouvoir qui s'attache au statut de victime permanente.

Par conséquent, certains font valoir que la réticence d’un pays à accepter les gestes de conciliation posés par le Japon peut être dû au fait que ce pays estime que le Japon ne s’est pas abaissé suffisamment pour présenter des excuses sincères. D’autre part, d’autres disent que ce pays choisit de rejeter la réconciliation en vue de se garantir un statut de victime permanent qui serait une façon d’établir un certain pouvoir sur le Japon.


24/10/2013
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CRIMES DE GUERRE 2e PARTIE

Indemnisations

Il existe une perception largement répandue que le gouvernement japonais n’a pas accepté la responsabilité légale de fournir des indemnités et, qu’en conséquence directe de ce refus, il n’a pas indemnisé les victimes individuelles des atrocités commises pendant la guerre. En particulier, plusieurs importantes associations de défense des droits de l’homme et des droits des femmes prétendent que le Japon a toujours une responsabilité morale et/ou légale d’indemniser les victimes individuelles, en particulier les esclaves sexuelles enrôlées par les militaires japonais dans les pays occupés et connues sous le nom de femmes de réconfort.

Le gouvernement japonais a accepté officiellement les demandes d’indemnisation des victimes de crimes de guerre comme stipulé par la déclaration de Potsdam. Les détails de ces indemnisations ont été réglés par des traités bilatéraux avec les pays concernés, à l’exception de la Corée du Nord, parce que le Japon ne reconnaît que la Corée du Sud comme seul gouvernement de la péninsule coréenne. Dans le cas de PG des alliés occidentaux, les indemnisations furent octroyées aux victimes par le truchement de la Croix-Rouge. Le montant total payé par le Japon s’éleva à 4 500 000 GBP. Toutefois dans un certain nombre de pays asiatiques, les demandes d’indemnisation furent soit abandonnées pour des raisons politiques ou payées par le Japon qui estimait qu’elles seraient utilisées pour fournir des indemnisations individuelles. Elles ne furent toutefois pas attribuées aux victimes par les gouvernements des pays concernés. Par conséquent, de nombreuses victimes individuelles en Asie ne perçurent aucun dédommagement.

Dès lors, la position du gouvernement japonais est que les demandes d’indemnisation supplémentaire doivent être déposées par les ayants-droit auprès de leurs gouvernements respectifs. Il en est résulté que toutes les demandes individuelles d’indemnisation déposées devant des tribunaux japonais ont échoué. Ce fut notamment le cas pour un ex-prisonnier de guerre britannique qui échoua dans sa tentative de poursuivre le gouvernement japonais en vue d’obtenir un paiement complémentaire au titre de dédommagement. La conséquence de cette action fut toutefois que par la suite, le gouvernement du Royaume-Uni octroya un supplément d’indemnités à tous les ex-prisonniers de guerre britanniques. Il y eut au Japon des plaintes parce que les médias internationaux avaient simplement rapporté que l’ancien PG avait demandé des indemnités et avaient omis de préciser qu’il demandait en fait une indemnisation complémentaire à celle payée précédemment par le gouvernement japonais.

Un petit nombre de demandes ont également été portés devant les tribunaux états-uniens, mais elles ont toutes été rejetées.

Au cours des négociations avec la Corée du Sud, le gouvernement japonais avait proposé de payer des indemnisations individuelles aux victimes coréennes, comme cela avait été le cas pour les PGs occidentaux. Le gouvernement coréen demanda au contraire que le Japon lui fasse un paiement global, ce qui fut fait. Les fonds ainsi versés furent utilisés pour le développement économique. La teneur de ces négociations ne fut pas révélée par le gouvernement coréen avant 2004 bien qu’elles eussent été de notoriété publique au Japon.

Certains font valoir que comme les gouvernements de Chine et de Taïwan ont abandonné leurs réclamations tendant à obtenir des indemnités en numéraire, la responsabilité morale et/ou légale d’octroyer des indemnités repose désormais dans les mains de ces gouvernements. Ces critiques soulignent également que bien que ces gouvernements aient abandonné leurs réclamations, ils ont signé des traités qui reconnaissaient le transfert des possessions coloniales japonaises à leur profit. Par conséquent, il serait erroné de prétendre que ces gouvernements ne reçurent aucune indemnisation du Japon, ces gouvernements ayant eu la possibilité d’indemniser les victimes individuellement grâce aux produits de ces transferts.

Bien que ne se reconnaissant aucune responsabilité pour les femmes de réconfort, le Japon a mis en place en 1995 le Fond des Femmes Asiatiques qui octroie des compensations financières aux personnes qui font valoir qu’elles ont été forcées de se prostituer au cours de la guerre. Bien que l’organisation ait été créée par le gouvernement, au point de vue juridique elle a été constituée comme une fondation indépendante. Les activités du fond ont été sujettes à controverse au Japon ainsi que parmi les organisations internationales supportant les femmes concernées. Certains prétendent qu’un tel fond s’inscrit dans le refus permanent des gouvernements japonais successifs de faire face à leurs responsabilités alors que d’autres estiment que le gouvernement japonais a depuis longtemps rempli ses obligations vis-à-vis des victimes individuelles et se borne maintenant à corriger les défaillances des gouvernements dont dépendent ces mêmes victimes.

Indemnités intermédiaires

Le terme indemnités intermédiaire a été appliqué au déménagement de toutes les installations industrielles (en particulier les installations militaro-industrielles) et leur attribution aux pays alliés. Cette opération fut menée sous la supervision des forces d’occupation alliées. Cette réattribution fut qualifiée d’intermédiaire parce qu’elle ne mettait pas un point final au règlement des indemnisations. Ceci fut réglé par les traités bilatéraux. En 1950, les installations réattribuées s’élevaient à 43 918 pièces de machinerie, évaluées à 165 158 839 JPY (en 1950). La ventilation de la distribution s’établit comme suit : Chine 54,1%, Pays-Bas, 11,5%, Philippines 19% et Royaume-Uni 15,4%.

Indemnisations basées sur les actifs japonais d’outre-mer

Les actifs japonais d’outre-mer visent tous les actifs détenus par le gouvernement, les sociétés, les organisations et les citoyens japonais dans les pays occupés. En conformité avec la clause 14 du traité de San Francisco, les forces alliées ont confisqué tous ces actifs, à l’exception de ceux se trouvant en Chine, qui firent l’objet de la clause 21. On considère que la Corée pouvait également faire valoir les droits dérivant de la clause 21.

Actifs japonais d’outre-mer en 1945

Pays/région Valeur (1945, JPY 15=USD 1)

Corée 70 256 000 000

Taiwan 42 542 000 000

Chine du Nord-est 146 532 000 000

Chine du Nord 55 437 000 000

Chine centrale et Sud 36 718 000 000

Autres 28 014 000 000

Total JPY 379 499 000 000

Indemnités aux prisonniers de guerre alliés

La clause 16 du traité de San Francisco précisait que le Japon devait transférer ses actifs et ceux de ses citoyens se trouvant dans des pays en guerre avec n’importe quel pays allié ou dans des pays neutres, ou assimilés, à la Croix-Rouge qui serait chargée de les vendre et d’en distribuer le produit aux anciens prisonniers de guerre et leurs ayants-droit. En raison de cette clause, le gouvernement et les citoyens japonais s’acquittèrent d’un total de 4 500 000 GBP à la Croix-Rouge. Toutefois, selon l'historienne Linda Goetz Holmes, une bonne part des sommes utilisées par le gouvernement japonais n'était pas issue de fonds nippons mais bien de fonds d'aide fournis par les gouvernements américains, britanniques et néerlandais et gardés dans la banque Yokohama Specie en 1945.

Territoires alliés occupés par le Japon

La clause 14 du traité précisait que le Japon négocierait avec les puissances alliées dont des territoires avaient été occupés par le Japon et qui avaient subis des dommages du fait des forces japonaises en vue d’indemniser ces pays pour ces dommages.

Ainsi, les Philippines et le République du Viêt Nam reçurent des indemnités en 1956 et 1959. La Birmanie et l’Indonésie ne figuraient pas parmi les signataires originaux du traité, mais signèrent plus tard des traités bilatéraux en conformité à la clause 14 du traité de San Francisco.

Indemnités japonaises aux pays occupés de 1941 à 1945

Pays Montant en JPY Montant en USD Date du traité

Birmanie 72 000 000 000 200 000 000 5 novembre 1955

Philippines 198 000 000 000 550 000 000 9 mai 1956

Indonésie 80 388 000 000 223 080 000 20 janvier 1958

Vietnam 14 400 000 000 38 000 000 13 mai 1959

Total JPY 364 348 800 000 USD 1 012 080 000

Le dernier paiement fut fait aux Philippines le 22 juillet 1976.

Débat au Japon

Un sentiment largement répandu en dehors du Japon veut qu’il existe au Japon une réticence à parler de ces événements et/ou d’admettre qu’il s’agissait de crimes de guerre. Toutefois, les événements controversés de l’époque impériale sont discutés ouvertement dans les médias, où les différents partis politiques et mouvements idéologiques prennent des positions assez différentes. Ce qui différencie le Japon de l’Allemagne et de l’Autriche est qu’au Japon, il n’existe pas de limitation de la liberté de parole par rapport à cette question, alors qu’en Allemagne, en Autriche et dans d’autres pays européens, la négation de la Shoah constitue une infraction pénalement répréhensible. Dit autrement, les propos négationnistes sont monnaie courante au Japon et figurent même dans de nombreux livres scolaires du système d'éducation publique japonais.

Jusque dans les années 1970, ces débats étaient considérés comme un sujet d’intérêt marginal dans les médias. Dans les médias japonais, les opinions politiques marquées au centre et à gauche se rencontrent le plus souvent dans les quotidiens, alors que les opinions de droite s’expriment surtout dans les magazines. Les débats concernant les crimes de guerre étaient essentiellement confinés dans les éditoriaux des magazines tabloïds où les appels à faire tomber l’Amérique impérialiste et à ressusciter la vénération pour l’empereur coexistaient avec la pornographie. En 1972, en vue de commémorer la normalisation des relations avec la Chine, l’Asashi Shimbum, un grand quotidien libéral publia une série d’articles sur les crimes de guerre en Chine y compris le massacre de Nankin. Ceci ouvrit la porte à des débats qui n’ont pas cessé depuis lors. Les années 1990 sont généralement considérées comme la période au cours de laquelle ces questions ont pris une réelle importance de sorte que des incidents comme celui du massacre de Nankin, sanctuaire de Yasukuni, les femmes de réconfort, la précision des livres d’histoire scolaires et la validité des procès de Tokyo ont fait l’objet de débats, même à la télévision.

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Sanctuaire Yasukuni

Comme les juristes japonais ont un consensus sur le fait que les forces japonaises n’ont techniquement pas commis de violations du droit international, beaucoup d’éléments de droite au Japon ont utilisé cette position pour faire valoir que les procès des crimes de guerre étaient le fruit d’une justice dictée par les vainqueurs. Ils considèrent les personnes convaincues de crimes de guerre comme des Martyrs de Shōwa, Shōwa étant le nom attribué au règne de Hirohito. Cette interprétation est vigoureusement combattue pas les groupes pacifistes japonais et la gauche politique. Dans le passé, ces groupes ont essayé de faire valoir que les procès avaient une certaine base légale, soit en vertu de la Convention de Genève (nonobstant le fait que le Japon, qui en était signataire, ne l'avait pas ratifiée), ou en vertu d’un concept indéfini de droit ou de consensus international. De façon alternative, ils ont également avancé l’argument que, bien que les procès aient pu ne pas avoir de base juridique valable, ils étaient néanmoins justes, ce qui est conforme avec l’opinion populaire en Occident et dans le reste de l’Asie.

Au début du XXIe siècle, un regain d’intérêt pour le passé impérial du Japon a fait naître de nouvelles interprétations d’un groupe qui a reçu à la fois le label de nouvelle droite et celui de nouvelle gauche. Ce groupe souligne que de nombreux actes commis par les forces japonaises, dont l’incident de Nankin (le terme massacre de Nankin n’est jamais utilisé au Japon) constituèrent des violations du code militaire japonais. On considère dès lors que si des tribunaux chargés de juger les crimes de guerre avaient été constitués par le gouvernement japonais d’après-guerre, beaucoup de ceux qui avaient été accusés auraient été déclarés coupables et exécutés en conformité avec les dispositions du code militaire japonais. Par conséquent, les faillites morales et légales en question sont imputables aux militaires et au gouvernement japonais qui n’ont pas remplis les devoirs que la constitution mettait à leur charge.

La nouvelle droite/gauche considère également que les Alliés n’ont commis aucun crime de guerre à l’encontre du Japon parce que le Japon n’était pas un pays signataire de la Convention de Genève et, qu’en tant que vainqueurs, les Alliés avaient tous les droits de demander une forme de dédommagement auquel le Japon consentit par divers traités.

Toutefois, sur la base de la même logique, la nouvelle droite/gauche considère que le meurtre de Chinois suspectés d’activité de guérilla était parfaitement légal et valide, y compris pour certains de ceux tués à Nankin par exemple. Ils considèrent également que de nombreuses victimes civiles chinoises sont le résultat de la politique de la terre brûlée des nationalistes chinois. Bien qu’on puisse faire valoir que l’usage de ce genre de tactique est légal, la nouvelle droite/gauche estime que certains des décès causés par cette politique est attribuée par erreur à l’armée japonaise.

De la même façon, elle considère que ceux qui ont essayé de poursuivre le gouvernement japonais en vue d’être dédommagés ne pouvaient pas s’appuyer sur une cause juridique ou morale.

La nouvelle droite/gauche adopte également une approche moins sympathique des prétentions coréennes à un statut de victime parce qu’avant son annexion par le Japon, la Corée était un vassal de la Dynastie Qing et, selon elle, la colonisation japonaise, bien qu’indubitablement dure, constituait un progrès par rapport au pouvoir précédent en termes de droits de l’homme et de développement économique. Ce point est historiquement faux. La violente colonisation de la Corée par le Japon a été l'occasion du dénigrement total de toutes les libertés particulièrement celles ayant trait à l'identité coréenne (interdiction de parler coréen en public, obligation d'avoir un unique nom japonais, interdiction d'utiliser le coréen écrit, destruction de toutes traces de civilisations anciennes ou modernes etc). Ainsi s'il est vrai qu'être un vassal de la Chine n'était pas de tout repos, il est aberrant qu'un parti politique puisse de nos jours suggérer que la relation vassale avec la Chine fut pire que la sanglante occupation japonaise.

Ils avancent également l’argument que le Kantōgun (également connue sous le nom d’Armée du Guandong) était au moins partiellement coupable. Bien que le Kantōgun fut nominalement subordonné au haut commandement japonais à cette époque, son commandement faisait preuve d’une autonomie significative, comme le démontre son implication dans le complot visant à assassiner Zhang Zuolin en 1928 ainsi que l’incident de Mudken de 1931, qui conduisit à la création du Mandchoukouo en 1932. En outre, à cette époque, la politique officielle du haut commandement japonais était de confiner le conflit à la Manchourie. Mais par défi au haut commandement, le Kantōgun envahit la Chine elle-même, prenant prétexte de l’incident du pont Marco Polo. Toutefois, le gouvernement japonais échoua à traduire en cour martiale les officiers responsables de ces incidents, mais accepta également la guerre contre la Chine et beaucoup de ceux qui furent impliqués reçurent des promotions (ce fut également le cas de certains officiers impliqués dans le massacre de Nankin). Par conséquent, l’argument qui veut que le gouvernement était l’otage des militaires sur le terrain paraît peu convaincant.

La question de la responsabilité personnelle de Hirohito dans ces manquements constitue un point de friction entre la nouvelle droite et la nouvelle gauche. Officiellement, la nouvelle constitution impériale, adoptée sous l’empereur Meiji, conférait les pleins pouvoirs à l’empereur. Son article 4 prescrivait que l’empereur est le chef de l’empire, il réunit en sa personne les droits découlant de la souveraineté et les exerce selon les dispositions de la présente Constitution et l’article 11 prévoyait que l’empereur exerce le commandement suprême de l’Armée et la Marine.

Pour l’historien Akira Fujiwara, la thèse selon laquelle l’empereur, en tant qu’organe de responsabilité, ne pouvait renverser les décisions du cabinet est un mythe (shinwa) fabriqué après la guerre. D’autres prétendent que Hirohito façonna délibérément son règne à l’image de la monarchie constitutionnelle britannique, et qu’il a toujours accepté les décisions et consensus obtenus par le haut commandement. Selon cette approche, la faillite morale et politique est essentiellement le fait du haut commandement japonais et du cabinet, dont la plupart des membres furent par la suite condamnés lors du procès de Tokyo en tant que criminels de guerre de Classe A, sauf les membres de la famille impériale comme les princes Yasuhito Chichibu, Yasuhiko Asaka, Naruhiko Higashikuni, Hiroyasu Fushimi et Tsuneyoshi Takeda.

Réinterprétations controversées en dehors du Japon

Certains activistes établis en dehors du Japon essayent également de fournir des réinterprétations controversées de l’impérialisme japonais. Par exemple, les vues d’un ex-officier sud-coréen et commentateur de droite, Ji Man-Won, ont provoqué des controverses en Corée et dans d’autres pays. Ji a fait l’éloge du Japon pour avoir modernisé la Corée et a déclaré, au sujet des femmes réduites en esclavage sexuel : la plupart des vieilles femmes qui prétendent avoir été des femmes de réconfort ou des esclaves sexuelles des soldats japonais au cours de la seconde guerre mondiale sont des imposteurs. En Corée, de telles affirmations sont généralement considérées comme injurieuses, diffamantes pour les personnes concernées et négationnistes, mais naissent de tensions politiques au sein de pays comme la Corée ou la Chine entre mouvements démocratiques et établis dans lesquels l’utilisation de l’histoire japonaise, ou la contribution aux sentiments anti-japonais, constitue un outil utile pour les deux côtés.

Recherches ultérieures

Comme pour les recherches relatives aux criminels de guerre nazis, des recherches et enquêtes officielles sont toujours en cours. Au cours des années 1990, le gouvernement sud-coréen commença à mener des recherches concernant certains individus qui se seraient enrichis en collaborant avec l’armée japonaise. En Corée du Sud, on prétend également que, dans le climat politique de la Guerre froide, beaucoup de personnes et/ou leurs associés et leurs parents furent en mesure d’obtenir de l’influence avec les fortunes qu’ils avaient amassées en collaborant avec les Japonais et aidèrent à couvrir ou à éviter des recherches sur les crimes de guerre pour éviter d’être eux-mêmes mis en cause. Les fortunes qu’ils avaient pu se constituer au cours des années de collaboration, leur permirent de faire bénéficier les membres de leurs familles d’un enseignement supérieur.

Des organismes non gouvernementaux et des particuliers ont également entrepris leurs propres recherches. Par exemple, en 2005, un journaliste indépendant sud-coréen, Jung Soo-woong, localisa au Japon certains descendants des personnes impliquées en 1895 dans l’assassinat de l’impératrice Myeongseong de Choson (la reine Min), la dernière impératrice de Corée. L’assassinat avait été réalisé par la Société de l’Océan Noir, agissant peut-être pour le compte du gouvernement japonais, en raison de l’implication de l’impératrice dans des tentatives de réduction de l’influence japonaise en Corée. Jung enregistra les excuses de ces personnes.

Comme les recherches se poursuivent, de nouvelles de preuves sont régulièrement mises à jour. On a prétendu que le gouvernement japonais avait intentionnellement détruit les rapports relatifs aux femmes de réconfort coréennes. Certains ont cité des livres d’inventaire japonais et des tableaux de personnes employées sur les champs de bataille comme preuve de cette affirmation. Par exemple, un des noms figurant sur la liste était celui d’une femme de réconfort qui déclarait qu’elle avait été forcée de se prostituer par les Japonais. Elle était répertoriée comme infirmière. C'était le cas pour au moins une douzaine d’autres femmes dont il était patent qu’elles furent femmes de réconfort et non infirmières ou secrétaires. À l’heure actuelle, le gouvernement sud-coréen examine les centaines de noms figurant dans ces listes.

L’information sensible relative à l’occupation japonaise de la Corée est souvent difficile à obtenir. Beaucoup prétendent que ceci est dû au fait que le gouvernement japonais a pris l’habitude de couvrir beaucoup d’incidents qui auraient autrement donné lieu à de graves critiques internationales. Pour leur part, les Coréens ont souvent exprimé leur aversion des expériences sur des êtres humains effectuées par l’Armée impériale japonaise où des gens furent utilisés en guise d’échantillons humains dans des expériences aussi macabres que les tests portant sur l’azote ou dans des programmes de développement d’armes biologiques (voir Unité 731 et Shiro Ishii). Bien que des témoignages clairs et perturbants aient survécu, ils sont largement réfutés par l’État japonais, même à ce jour.


24/10/2013
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GOUVERNEMENT COLLABORATEURS CHINOIS

 

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Avec la coopération du Japon, de la Chine et du Mandchoukouo, le monde peut vivre en paix. Affiche de propagande pro-japonaise, 1935.

Dans les années qui suivirent la conquête de la Mandchourie, puis pendant la guerre sino-japonaise, l'Empire du Japon créa plusieurs gouvernements collaborateurs chargés d'administrer les territoires conquis à la République de Chine, au fur et à mesure de l'avancée de ses troupes. Ce n'est qu'en 1940 que l'occupant japonais réunit la plupart de ces entités sous la bannière du gouvernement de Nankin, chargé d'incarner une autorité centrale chinoise.

Les troupes combattant sous les bannières de ces différents gouvernements étaient placées sous la supervision d'officiers japonais : les forces armées chinoises collaboratrices, initialement chargées essentiellement du maintien de l'ordre, virent leur rôle gagner en importance au fur et à mesure de la guerre sino-japonaise, en fonction de l'aide dont avaient besoin les Japonais.

Tous les gouvernements collaborateurs chinois cessèrent d'exister en 1945, avec la défaite du Japon.

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Le drapeau de la Mandchoukouo

Le Mandchoukouo, ou Manzhouguo (Pays du peuple Mandchou) fut proclamé le 18 février 1932, avec comme capitale Changchun, renommée Xinjing ou nouvelle capitale. Puyi, dernier empereur de la dynastie Qing, fut mis au pouvoir comme chef de l'exécutif, puis proclamé Empereur en 1934. Au contraire des autres gouvernements collaborateurs chinois, le Mandchoukouo ne fut jamais soumis à l'autorité du régime de Nankin, et demeura considéré comme un état indépendant jusqu'en 1945.

Conseil autonome du Hebei oriental

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Drapeau de la République de Chine de 1912 à 1918

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Yin Ju-keng

Le traité de paix signé entre 1933 par le Japon et la République de Chine instaura une zone démilitarisée s'étendant de Tianjin à Pékin. Le 15 novembre 1935, Yin Ju-keng, administrateur du Hebei, proclama l'indépendance de son gouvernement vis-à-vis de la République de Chine. Le Conseil autonome du Hebei oriental, signa aussitôt des traités de coopération économique et militaire avec le Japon, en violation des traités déjà existants entre la Chine et le Japon. Tongzhou fut choisi comme capitale de ce gouvernement pro-japonais, qui utilisait comme étendard le drapeau à cinq couleurs, premier emblème de la République de Chine. En juillet 1937, Yin Ju-Keng tenta de se libérer des Japonais en passant avec les troupes chinoises un accord, qui eut pour résultante la mutinerie de Tongzhou.

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Wang Jingwei

Il fut ensuite arrêté par les Japonais, mais pas exécuté. En décembre 1937, le Conseil autonome fut absorbé au sein du Gouvernement provisoire de la République de Chine. Quelques années plus tard, Yin Ju-keng revint aux affaires, en participant à Nankin au ministère de la justice du gouvernement de Wang Jingwei, mais ne retrouva pas de fonctions de premier plan. Il fut exécuté pour trahison, le 1er décembre 1947.

Gouvernement provisoire de la République de Chine

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Drapeau de la République de Chine de 1912 à 1918

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Wang Kemin.

A la suite de l'incident du pont Marco Polo et du déclenchement de la guerre sino-japonaise, le Japon prit le contrôle du nord de la Chine. Le Gouvernement provisoire de la République de Chine fut institué le 14 décembre 1937, avec Pékin comme capitale. Wang Kemin, dissident du Kuomintang, en assura la direction. Ce gouvernement collaborateur, qui utilisait également le premier drapeau de la République de Chine, contrôlait théoriquement les provinces du Hebei, du Shantung, du Shansi, du Honan et du Jiangsu, mais ne disposait que d'une autonomie limitée accordée par les japonais. En 1940, ce gouvernement fut fusionné avec le gouvernement collaborateur de Nankin, tout en conservant dans les faits son autonomie locale. Wang Kemin se suicida en 1945, après la défaite des japonais.

Mengjiang

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Drapeau du Mengjiang

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Prince Demchugdongrub

Le Comité mixte du Mengjiang était un gouvernement formé en 1936 en Mongolie-Intérieure par des autonomistes bénéficiant du soutien japonais et dirigés par le prince mongol Demchugdongrub. Après une première insurrection manque en octobre-novembre 1936, son indépendance fut déclarée le 8 décembre 1937. Le gouvernement fut rebaptisé en 1939 Gouvernement autonome uni du Mengjiang, puis en 1941 Fédération autonome de Mongolie. Le Mengjiang fut placé durant la guerre sous le contrôlé théorique du gouvernement collaborateur de Nankin, mais conserva sa relative autonomie jusqu'à la fin du conflit.

Gouvernement de Shanghai

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Drapeau de Dadao Gouvernement municipal de Shanghai

En décembre 1937, après la chute de Shanghai, le Japon favorisa la naissance d'un gouvernement collaborateur du Pudong, dirigé par Su Xiwen, et chargé d'administrer les affaires courantes. Ce gouvernement local fut absorbé six mois plus tard, en mai 1938, par le Gouvernement réformé de la République de Chine.

Gouvernement réformé de la République de Chine

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Drapeau réformé de la République de Chine

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Liang Hongzhi

Après la chute de Nankin, le Japon établit le 28 mars 1938 dans cette ville, alors capitale chinoise, un gouvernement collaborateur, le Gouvernement réformé de la République de Chine. Ce gouvernement utilisait comme bannière une variante du drapeau à cinq couleurs. Dirigé par Liang Hongzhi, le régime se vit accorder l'autorité sur les provinces du Zhejiang, du Jiangsu et de l'Anhui, ainsi que sur les villes de Nankin et Shanghai. Les Japonais n'accordèrent cependant que peu d'autonomie à ce gouvernement, ce qui en fit un outil de propagande médiocrement efficace auprès de la population chinoise. En 1940, le Gouvernement réformé de la République de Chine fut absorbé par le régime collaborateur de Wang Jingwei. Liang Hongzhi fut exécuté pour trahison en 1946.

République de Chine (gouvernement collaborateur de Nankin)

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Drapeau de la République de Chine-Nanjing

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Wang Jingwei

En 1940, les japonais unifièrent tous les gouvernements collaborateurs chinois à l'exception du Mandchoukouo, reconnu comme un état indépendant sous l'autorité nominale d'un gouvernement basé à Nankin, et dirigé par Wang Jingwei. Utilisant le nom officiel de République de Chine, ce régime se présentait comme l'autorité légitime sur l'ensemble du territoire chinois, et, plutôt que d'utiliser le drapeau à cinq couleurs comme les précédents gouvernements, avait choisi comme étendard le drapeau utilisé par le gouvernement rival du Kuomintang. L'étendard du régime collaborateur se distinguait, pour ses manifestations extérieures et à la demande des japonais, par l'usage d'un fanion jaune, qui ne fut plus utilisé après 1943.


24/10/2013
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PHOTOS MILITAIRES CHINOIS ET JAPONAIS

Photos de militaires chinois

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Photos militaires japonais

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